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INTERVIEW

Soprano en interview

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Sensible et altruiste, Soprano a décidé de se livrer sans fard dans son dernier album Phoenix… Conscient d’être une référence et un exemple pour une grande partie de la jeune génération, celui-ci n’a en effet pas hésité à y aborder des thèmes aussi personnels que douloureux comme le suicide, par exemple, qui reste encore aujourd’hui la 2ème cause de mortalité chez les 15-24 ans… Célébrant la vie à chaque jour qui passe, le rappeur marseillais au sourire radieux qui s’apprête à remplir une fois de plus le stade Vélodrome est déjà en train de plancher sur son prochain album qui traitera quant à lui d’écologie…


« Je suis la preuve que tout est possible ! »


MORGANE LAS DIT PEISSON : Fidèle à Marseille…

SOPRANO : Beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi, avec tous les allers-retours que je fais sur Paris, je ne m’y installe pas mais j’aime la ville où j’ai grandi, j’aime les gens qui y vivent, c’est chez moi et ça me permet, je crois, de toujours garder les pieds sur terre…

Tu y as aussi tes bureaux…

Avec mes amis d’enfance, on a monté il y a déjà quelques années notre société de production et de management… C’était important pour nous de le faire à Marseille pour prouver que des jeunes issus des quartiers pouvaient « réussir » professionnellement mais aussi qu’il était possible de mettre sur pied des projets ambitieux en province !

Concilier ta vie de famille avec ton travail…

Ça demande une organisation de dingue ! (rires) C’est la partie la plus difficile mais j’ai la chance de ne travailler qu’avec des proches et on s’entraide énormément… Je sais qu’ils font en sorte que j’aie du temps pour voir ma femme et mes enfants mais aussi pour que je puisse me reposer et être en forme pour la scène et la création. On ne dirait pas, mais ça exige une hygiène de sportif ! (rires)

Phoenix connaît le même succès que L’Everest

Depuis mes débuts avec les Psy4 de la Rime, j’ai eu la chance que tout marche plutôt bien et même de mieux en mieux ! Je n’avais jamais eu pour but ni même pour rêve de faire le stade Vélodrome ou de devenir jury dans The Voice alors tout ce que je vis depuis quelques années, je le considère comme un immense « plus » ! Quand il a fallu choisir un titre pour mon dernier album, Phoenix s’est imposé à moi car après les sommets atteints, il ne me restait plus qu’à m’envoler ! (rires) Mais j’ai surtout opté pour le phoenix qui, symboliquement, signifie qu‘il faut, dans la vie, se refaire sans cesse et ne jamais se reposer sur ses acquis…

Tu fais partie de ceux qui véhiculent une image positive du rap…

J’ai commencé à faire de la musique parce que j’avais besoin d’exprimer des choses, puis j’ai grandi avec elle et l’ai nourrie de mes doutes, de mes craintes et de mes fantômes avant de comprendre que même si la vie n’était pas toujours facile, rien ne nous interdisait d’essayer de sourire et d’être heureux. Ne pas aller bien et m’enfermer dans cet état à travers mes textes était égoïste de ma part car je ne m’apercevais pas du mal que je faisais à mes proches en les faisant se sentir si inutiles… Alors évidemment, il m’arrive comme tout le monde d’être parfois mélancolique mais j’ai choisi d’apprendre à sourire et à apprécier ce qui m’arrive… Quand on est jeune on n’a pas conscience que le bonheur ne tombe pas du ciel, qu’il se travaille et qu’il s’apprivoise… 

J’essaye d’infuser ça dans ma musique de façon à ce que ceux qui l’écoutent réalisent à leur tour qu’ils ont le droit d’apprendre à être heureux, c’est le plus beau but qu’ils puissent se fixer…

Tu n’hésites pas dès l’intro Renaissance à aborder le thème du suicide…

Ça fait longtemps que je renais de mes cendres mais quand, il y a des années de ça, j’étais au fond du trou, je ne réussissais pas à entrevoir – comme malheureusement beaucoup de jeunes – une autre échappatoire que la mort… À cette époque, je n’aurais jamais pu imaginer que j’en serais là aujourd’hui, que je vivrais de ma passion ou que je serais un heureux papa et un mari comblé ! Maintenant que j’ai 40 ans, je peux et je veux en parler sans tabou pour redonner de l’espoir à ceux qui croient que rien de bon ne peut leur arriver. Je suis la preuve que tout est possible ! 

Un bonheur que tu partages sur scène…

Sur scène, il se passe un truc inexplicable ! La communion qui se crée avec le public est tellement magique que lui et moi oublions tout le temps d’une soirée ! Un concert, c’est une parenthèse où l’on évacue ses peines et ses douleurs, c’est un moment où l’on est uniquement dans le partage… Quand je vois des étoiles dans les yeux des gens, ça vaut tous les disques d’or car je vois en vrai la véritable utilité de ma vie…

La culture est d’une utilité invisible…

C’est exactement ça ! Ça ne sert pas à remplir son frigo, à payer son loyer ou à sauver une vie mais indirectement, la culture soigne de nombreux maux. La musique m’a aidé à me relever mais aussi à m’élever et il suffit de voir tous les sourires dans une salle de concert pour comprendre que je ne suis pas un cas isolé ! 

Elle sert aussi à s’élever contre les souffrances du Monde…

Sur le titre Rampanpan où l’on retrouve Tiken Jah Fakoly, on dit que « L’histoire se répète comme un disque rayé »… C’est vrai et pourtant, petit à petit on fait tous avancer les choses… Je suis black, musulman, j’ai grandi dans une HLM et j’ai choisi de sourire plutôt que d’être dans l’affrontement. Ça déstabilise, ça casse les clichés et je crois que c’est par de petits gestes comme ça qu’on arrivera à bouger les choses ! Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice même si aujourd’hui, via les médias ou les réseaux sociaux, c’est plutôt la négativité qui est mise en avant…  

The Voice, une autre forme de partage…

C’est vraiment ça, on n’est pas dans le jugement mais dans l’accompagnement et la transmission… Moi j’ai eu la chance d’avoir Akhenaton et IAM, il y a pire pour débuter ! (rires) C’est naturel de donner un peu à mon tour…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson dans les bureaux d’OnlyPro à Marseille • Photos Fifou


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Interview parue dans les éditions n°407 #1, #2, #3 et #4 d’octobre 2019

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