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Sandrine Alexi en interview pour Le Mensuel

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Sandrine Alexi

en interview  vidéo

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SANDRINE ALEXI
 
 
 


Interview réalisée au Festival du Rire de Saint Raphaël en septembre 2012

 

« En fait, les imitateurs sont des chanteurs qui, sans le vouloir, finissent par chanter avec la voix des autres ! »

Son visage vous dit certainement quelque chose, son nom peut-être un tout petit moins et pourtant…
La plupart d’entre vous la connaissent depuis plus de 20 ans puisqu’elle fait partie de votre quotidien ! Voix féminine des « Guignols de l’Info », cachée derrière des marionnettes plus vraies que nature, Sandrine Alexi a repris parallèlement ses activités scéniques. Et c’est sur les planches qu’elle vous livrera tout son savoir-faire pour vous initier, en coach déjantée, à l’art de l’imitation… Attention tout de même ! Elle sera intraitable… 
 

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interview_sandrine-alexi_festival-rire-saint-raphael_palestre-cannet_portrait01_2012Morgane L : Comment s’aperçoit-on que l’on n’a pas une voix mais des voix ?
Sandrine Alexi : On se rend compte qu’on devient imitateur quand on est petit, quand on va à l’école, quand on aime des chanteurs, des acteurs ou qu’on imite sa famille. Ça devient un jeu un peu compulsif. C’est comme ça, ça devient inévitable, on le fait malgré soi. On se rend compte que ça fait rire les autres donc on continue. Moi, pendant longtemps j’ai douté. Je me disais que je me faisais des films mais à force, en grandissant, les gens me disaient que je faisais bien les voix. Et ça se répétait souvent et du coup j’ai un peu plus pris confiance en moi.

On vous connaît depuis plus de 20 ans à la télé, comment êtes-vous tombée dedans ?
Je travaillais à Nice, à « la Madonette » en dîner spectacle et Patrick Sébastien, qui était un ami du patron, y descendait souvent et prenait parfois des artistes pour son émission « Sébastien, c’est fou ». Cette fois-là il m’a vue sur scène et m’a invitée à y faire quelques voix, juste comme ça, puisque je n’avais pas encore un spectacle vraiment prêt. J’y suis allée pour y faire quelques petites voix au micro. C’était ma première télé. Et c’est dans cette émission-là que j’ai rencontré Yves Lecoq. J’ai ensuite été castée aux « Guignols » parce qu’Yves leur avait parlé de moi et c’est là que tout a vraiment commencé… Ça fait déjà vingt-deux ans maintenant.

Être une voix cachée aux « Guignols » et se retrouver sur scène sont deux exercices très différents non ?
En effet… Aux « Guignols » on est caché, les stars sont les marionnettes, pas les imitateurs. C’est un autre exercice, peut-être même plus relaxant. On arrive en studio, on s’installe, on nous fournit les textes, on est dirigé sur trois ou quatre répétitions. On est super sécurisés en réalité. Alors que sur scène, c’est vous, toute entière et toute seule. On peut avoir des trous de mémoire, manquer d’énergie mais il faut le faire pendant une heure et demie sans s’arrêter. Ce n’est pas pareil. Mais je suis très heureuse du coup de faire les deux car c’est complémentaire !

Faut-il être passionnée par l’actu pour être la voix féminine des « Guignols » ?
Ça s’appelle les « Guignols de l’info » quand même, alors oui, évidemment il faut un peu aimer ça ! On m’a fait un cadeau, on m’a proposé de travailler pour les « Guignols », on a retenu les voix que j’ai créées toute seule dans ma chambre, on a mis en avant des choses que j’avais en moi dans la plus belle des écoles et qui dure encore, dans les « Guignols ». Je pense qu’il y a beaucoup d’imitateurs qui aimeraient être à notre place !

Ça oblige à se documenter régulièrement, c’est un gros travail de fond une telle émission ?
Les textes sont tellement bien écrits que même si on n’a pas lu le journal le matin ou écouté les infos, on lit le « JT des Guignols » et au moins, on est au courant de tout, tout en s’amusant ! (rires) Souvent l’actualité fait peur, là au moins on rigole…

Du coup, pour les Guignols, vous travaillez « sur commande », ce n’est pas trop compliqué de créer une voix que l’on ne sent peut-être pas toujours ?
Les « Guignols » commandent des voix aux imitateurs. Ils décident de créer un personnage et donc ils nous demandent des voix pour ce nouveau personnage. Pour une des dernières sortie, comme Cécile Duflot (en l’imitant) « qui est très adolescente comme ça, qui a quand même une voix super jeune, on en a fait une ado qui se rebelle sans arrêt… Oh ça va t’es pas mon père okaayyy ! ». Ça m’a complètement éclatée parce qu’on va dans une dimension super exagérée et j’adore ça ! (rires)

Certaines voix sont plus difficiles à ressentir, à maîtriser alors que d’autres viennent assez ?
Oui il y a des voix qui viennent facilement. Par exemple (en l’imitant) « si je parle de Roselyne, quand je l’ai entendue parler la première fois, je me suis dis que dans les deux minutes c’était bon, c’était emballé, c’était pesé… »… Par contre pour Marine le Pen, (en l’imitant) « Oui, n’est ce pas, là c’est un petit peu plus difficile, n’est ce pas ? Un peu plus perturbant, n’est ce pas ? Parce qu’on me l’a demandée au mois de juin pour le mois de septembre… » Du coup j’ai du travaillé l’imitation de Marine Le Pen en écoutant du Marine Le Pen à la plage. C’était pénible mais faut bien que je gagne ma vie, madame ! (rires) Ils sont intéressants ces personnages, même s’ils sont extrêmes, même s’ils sont détestés, ça me fait une palette très large et c’est ça qui me plait !

La toute première voix qui est sortie ?
Ma première voix, c’est la mienne, bien sûr ! (rires) Ensuite, mes premières voix, c’étaient les chanteuses que j’aimais bien quand j’étais petite, Sheila, Sylvie Vartan (elle imite cette dernière) et quand j’étais petite j’imitais aussi Titi « Mais oui, j’ai bien vu un Rominet… »… (rires)

Certaines voix vous touchent plus que d’autres ?
J’adore imiter Sanson, Vanessa, Carla Bruni. Il m’est arrivé des trucs supers qui font des souvenirs, comme ma rencontre avec Véronique Sanson au premier étage de la Tour Eiffel et celle avec Céline Dion dans les loges du stade de Genève. Là, à ces moments précis, je redeviens la petite fille, la fan. Pour moi, c’est vachement impressionnant. Quand vous avez tout ce monde dans un stade et que vous, vous arrivez pour la rencontrer dans sa loge, pour vous toute seule… Je n’arrive pas à relativiser ce truc-là en fait.

Qu’est-ce qui fait que certaines personnes sont plus faciles à parodier que d’autres ?
Céline Dion, par exemple, c’est une chanteuse comique qui de toute façon aime faire rire. Elle a un sens de l’exagération très poussé et on a un peu la même couleur d’yeux, la même longueur de cheveux, pour moi c’est facile de choper son visage. Il y a des personnages dont j’arrive à bien choper le visage et les expressions, comme Jane Birkin ou Catherine Deneuve et… même Suzanne Boyle !

Et la scène dans tout ça ? Comment se décide-t-on après autant d’années de télé, à y aller ?
Depuis 1990 je fais de la scène en réalité. Déjà lorsque j’étais dans ma région, sur Nice où j’ai démarré. Et puis j’ai fait de la scène encore avant ça, comme chanteuse de rock ! Je mettais des blousons en cuir… (rires)

Les imitateurs en passent souvent par la chanson…
En fait, les imitateurs sont des chanteurs qui, sans le vouloir, finissent par chanter avec la voix des autres. On finit par dévier vers l’imitation mais c’est vrai que la plupart des imitateurs adorent chanter.

Quand on est plus ou moins tranquille derrière des marionnettes pendant des années, remonter sur scène, affronter le regard des gens, bouger etc. n’est pas effrayant ?
En fait, j’ai toujours fait les deux en même temps. J’ai aussi fait des spectacles de natation synchronisée quand j’étais jeune, je suis habituée à la présence du public. Toute mon enfance, j’ai joué dans ma chambre en imaginant qu’il y avait du public. Je ne dis pas que je ne suis pas traqueuse car il y a des fois où je suis morte de trouille et d’autres fois pas du tout. Je ne suis jamais pareille, je ne sais jamais dans quel état je vais être quand je joue. Mais avec un nouveau spectacle et si c’est sur Paris, je suis plus inquiète et attentive à la réaction du public. Mais c’est comme ça, c’est indispensable. On fait des spectacles, on joue pour les gens.interview_sandrine-alexi_festival-rire-saint-raphael_palestre-cannet_portrait02_2012 Mais ce qu’il faut réussir à intégrer c’est que les gens ne nous veulent pas de mal. Ils veulent être heureux, nous donner des choses et de notre côté c’est ce que l’on fait aussi.

Vous vous sentez faite pour la scène ?
Je ne sais pas si je suis faite pour la scène mais en tout cas ça doit correspondre à ma personnalité. Je suis arrivée à faire de mes jeux d’enfants, mon métier.

Dans votre nouveau spectacle « Sandrine Alexi imite les stars », le fil conducteur est original…
Le fil conducteur du spectacle est le « coaching ». On coache tout à la télé maintenant, on coache en cuisine, pour savoir comment élever ses enfants, pour vendre un appart. Donc je me suis dit j‘allais surfer sur cette base. Je dis aux gens qu’à la fin du spectacle ils seront tous capables d’imiter quelqu’un, une célébrité, leur mère, leur belle-mère, qui ils veulent. Bien sûr c’est pour rire, je ne me prends pas au sérieux en disant ça… Mais s’ils n’y arrivent pas, ils ne sortent pas tant qu’ils ne m’ont pas fait un Bourvil ou un De Funès, ou une Bardot. J’en ai vu qui rampaient même vers la sortie ! (rires)

Il y a beaucoup de personnages ?
Oui il y en a plein ! Il y a Céline, Sanson, Mireille Dumas, il y a Bachelot, Morano, des actrices, des chanteuses. Il y en a plein !

Des hommes parfois ?
À un moment donné je me suis demandée « et si les hommes célèbres avaient été des femmes ? » et cela m’a permis d’imiter Johnny Hallyday, Francis Cabrel ou Gainsbourg, en me disant que s’ils étaient des femmes Johnny Hallyday serait Jeannine Hallyday donc je fais Jeannine Hallyday sur scène en féminisant le personnage. Gainsbourg en femme, au niveau des textes ce n’est pas dégueu non plus… (rires)

Avec qui a été travaillé ce spectacle ?
Ce spectacle a été co-écrit par Franck Cimière et moi-même en grande partie mais aussi avec d’autres auteurs, ce qui donne une belle diversité.

Un projet après ce spectacle ?
Après ce spectacle, je compte bien vous imiter. Parce que je trouve que vous avez une façon de poser des questions qui est très sympa ! (rires)


Propos recueillis et photos par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel

Montage vidéo par Aurélien Didelot

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