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Patricia Kaas dans « Kaas chante Piaf » en interview pour Le Mensuel – 2013

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Patricia Kaas

en interview 

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PATRICIA KAAS
 
 
 


Interview réalisée au Midem de Cannes en 2012 pour « Kaas chante Piaf »

 

« Il faut vivre les chansons de Piaf, il faut aussi une certaine confiance en soi
et un certain vécu pour essayer de les interpréter… 
»

(Vidéo en cours d’intégration)

Cinquante ans que la Môme nous a quitté, cinq décennies qu’elle a continué à hanter les esprits de passionnés du monde entier…
Partie jeune, au sommet d’une gloire qui demeurera éternelle, Edith Piaf dont
la vie n’a jamais rien eu d’un long fleuve tranquille, inspire et intrigue toujours autant.
eaucoup ont repris
ses titres, certains l’ont même imitée, d’autres l’ont portée sur grand écran mais c’est sur scène cette fois-ci, dans un spectacle subtil et raffiné que Patricia Kaas lui rendra un hommage des plus vibrants…

 

patricia-kaas-chante-piaf-interview-midem-2013-01Quel a été votre cheminement pour arriver à ce spectacle « Kass chante Piaf » ?
Patricia Kaas : Ça prend du temps… Si on me l’avait proposé il y a quatre ou cinq ans, je pense que je n’aurais pas été assez prête et j’aurais très certainement refusé. Il faut vivre les chansons de Piaf, il faut aussi une certaine confiance en soi et un certain vécu pour essayer de les interpréter. Ces dernières années, entre mon autobiographie et toutes les autres choses que j’ai pu faire, je me suis en quelque sorte préparée et ce sont ces exprériences qui m’ont données ce courage de monter ce spectacle. Bien sûr, j’avais déjà chanté durant ma carrière deux ou trois chansons de Piaf. Mais pour faire un tel spectacle, et comme je suis très perfectionniste, il me fallait cette confiance… Ça a été le bon moment.

On peut comparer certains moments de la vie d’Edith Piaf à la vôtre ?
Oui et non… (rires) Ma vie est quand même plus simple et plus jolie que celle qui a été la sienne… C’est vrai aussi que je viens d’une famille modeste. Je me suis battue dans la vie. J’ai connu des moments difficiles par rapport à mes parents etc. Il faut avoir vécu certaines choses pour pouvoir interpréter Piaf, parce que chanter Piaf est une chose, mais vivre Piaf en est une autre. Quand on lui demandait pourquoi elle chantait, elle répondait que c’était sa vie. Moi c’est la même chose. J’aime être sur scène, j’aime le partage, j’aime chanter une chanson qui va parler à chacun d’une façon différente. Quand je chante une chanson, je vois une personne qui pleure et une autre à côté qui sourit. Dans ces moments là, on se dit qu’on donne quelque chose. C’est ce qui me plait le plus dans ce métier. Pour Piaf, la musique était sa vie et les hommes aussi… Mais moi j’en ai moins ! Je vais peut-être me rattraper… (rires)

Comment ont été choisies les chansons ?
Je crois qu’elle avait plus de 435 titres dans son répertoire. Donc j’ai écouté 435 chansons et j’en ai choisi 25 en fonction de celles qu’on connaît tous et de celles qui me touchent plus que d’autres par leurs textes ou leurs mélodies. Je les ai aussi sélectionnées par rapport à l’idée que je voulais véhiculer sur scène et bien sûr aussi en fonction d’Abel Korzeniowski qui est un compositeur de musiques de films avec un son symphonique. Jusqu’au dernier moment, tout a évolué et changé. La dernière chanson choisie « Avec ce soleil », m’avait été conseillée par Serge Lama et c’est devenu ma préférée aujourd’hui.

Comment avez-vous choisi Abel Korzeniowski ?
J’ai écouté plein de choses différentes mais j’avais envie d’un compositeur de musiques de films. Pour moi, la vie de Piaf est un film et j’ai pensé à ce genre de musique, je voyais quelque chose de « grand ». J’ai beaucoup aimé sa subtilité. Je l’ai rencontré, on a parlé longuement. Il est très amusant, il est tout jeune. Vous savez parfois on est touché par une sensibilité et c’est ce que je cherchais.

Va-t-on vous comparer à Piaf ?
J’en avais un peu l’appréhension mais non pas vraiment. Ce sont de superbes chansons. Un répertoire qui me va bien mais je n’ai pas eu envie de l’imiter. Je l’interprète à ma façon. Je n’ai pas peur, je suis servie par de très belles chansons et ça marche… Enfin j’espère ! (rires)

Vous ne cherchez pas à l’imiter mais y’aura-t-il un travail particulier sur la gestuelle ou l’apparence ?
C’est un hommage. J’ai peut être à certains moments des gestes avec mes mains mais je ne suis pas sur scène sous une douche de lumière, avec une robe noire. Mais il est vrai que par moment, il y a une chorégraphie corporelle de ses mains parce que ça faisait vraiment partie d’elle. Mais sinon, non. Je n’ai pas teint mes cheveux en noir, pas de petite robe noire, non rien de tout ça ! (rires)

Vous avez travaillé avec de jeunes artistes français ?
L’album a uniquement été travaillé avec Abel Korzeniowski. Par contre, pour le spectacle, j’avais envie d’avoir quelques chansons remixées, réarrangées par la jeune génération. Ce spectacle « Piaf » touche beaucoup de gens, de tous les âges.

Avez-vous eu besoin d’un metteur en scène ?
Avec Kabaret on avait un chorégraphe, un scénographe. Pour ce spectacle, que j’appelle une « comédie-récital », c’est avant tout un récital où je chante ses chansons. Mais bien sûr qu’entre les chansons il se passera des choses un peu théâtrales, des hommages à des moments de vie de Piaf, à des rencontres qu’elle a pu faire, qui l’ont marquée. Par exemple quand elle apprend la mort de Cerdan, j’essaye de vivre en direct sur scène cette émotion avant d’entamer la chanson qu’elle a écrite pourpatricia-kaas-chante-piaf-interview-midem-2013-02 lui après sa disparition. Pour cet aspect théâtral entre les titres, j’ai évidemment eu besoin d’être dirigée.

Et pour les chansons ?
Les chansons, par contre, je les interprète simplement. Elles se suffisent à elles-mêmes. On est moins nombreux sur scène que dans « West Side Story » ! (rires) Il y a trois musiciens sur scène. Un d’entre eux s’occupe des programmations puisqu’on se sert de moyens modernes pour le fond et le décor. Il y a aussi un pianiste et un violoniste. Pas de danseurs au sens des comédies musicales actuelles. J’ai voulu éviter tout ce qui pouvait faire trop cliché. On a eu la chance d’avoir des images inédites de Piaf en photos et en vidéos. Je m’en sers par exemple, pendant le final, lorsque je commence à chanter « Non je ne regrette rien » et que je la laisse la terminer…

Une préférence pour le travail en studio ou la scène ?
J’ai commencé à chanter très jeune. J’ai toujours aimé ce contact avec le public. A huit ou dix ans c’est un jeu, ensuite, ça devient une façon de s’exprimer. Après, on s’aperçoit que l’on capte les regards, les émotions et c’est là qu’on voit qu’on existe parce qu’on apporte aux gens autre chose que leurs problèmes, même si ce n’est que pour deux heures de spectacle. C’est un pouvoir. Ça marque des moments, j’aime ça même si le studio est excitant aussi.

Perfectionniste. Il faut l’être pour réussir ?
Je ne peux pas généraliser. Moi ça m’a certainement aidé pour plein de choses, pour récolter les avis des gens car quand on est trop sûr de soi, on n’écoute plus rien alors que quand on manque un peu de confiance en soi, on se perfectionne. Et puis les gens vous poussent un peu à faire des choses alors que vous pensiez ne pas en avoir le courage. C’est bien de grandir et de prendre de l’âge, on se pose moins de questions ou alors on se pose des questions différentes.

En tous cas, vous n’avez jamais rien refusé par manque de courage…
Non… Mais par manque de confiance en soi, peut-être. Je suis quelqu’un qui aime bien chercher, voyager, naviguer un peu. Je n’aime pas les voies tracées une fois pour toute. Je vais un peu à gauche, à droite je reviens sur mes pas, ça prend un peu de temps mais j’apprends beaucoup de choses.


Propos recueillis et photos par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel

Montage vidéo par Aurélien Didelot

Interview parue dans Le Mensuel n°334 – Février 2013

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