CONCERT

Marianne James en interview en mode « Conversation intime »…

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« Cette date est une respiration pour moi ! »

 

🎟️ Marianne James invitée de « Conversation intime », un rendez-vous imaginé par le Théâtre National de Nice : 10 janvier 2022 / 19h30 / Opéra de Nice / 10.00€

 

La plus libre et déjantée des chanteuses lyriques s’offre une Soirée prodigieuse à Cagnes-sur-Mer ! En présentatrice de cette soirée organisée par Elizabeth Vidal et André Cognet, Marianne James aura la tâche d’annoncer les jeunes prodiges qui fouleront la scène éphémère de l’Hippodrome de Cagnes-Sur-Mer mais aussi de les mettre à l’aise afin qu’ils prennent le plus de plaisir possible !

 


 

🎟️ Marianne James présente La soirée prodigieuse à l’Hippodrome de Cagnes-Sur-Mer le 11 juillet 2021

🎟️ Marianne James dans Les adieux de Tatie Jambon au Théâtre de la Tour Eiffel à Paris à partir du 18 décembre 2021

 


 

Morgane Las Dit Peisson : Vous serez la présentatrice de La soirée prodigieuse qui se déroulera le 11 juillet à l’Hippodrome de Cagnes-sur-Mer…

Marianne James : Je trouve ça super évidemment ! (rires) Avant tout, venir présenter La soirée prodigieuse le 11 juillet à Cagnes-sur-Mer est l’occasion pour moi de retrouver une amie – Elizabeth Vidal – que j’aime beaucoup ! On a énormément de points communs tout en étant très différentes l’une de l’autre. On a appris à se connaître à la télévision et je suis ravie de faire partie de ses amies ! On se fait confiance et c’est pour ça que je n’ai pas hésité une seconde à jouer la MC de cette soirée qu’elle organise ! (rires)

 

 

Un exercice différent d’un concert ou d’un spectacle…

Accepter le rôle de Master of Ceremony c’est en effet quelque chose d’assez particulier. C’est donner du rythme à la soirée tout en apportant mon amour de la musique et ma passion pour ces jeunes prodiges déjà semi-professionnels. Pour qu’une soirée soit réussie, il faut que le rythme soit enlevé et surtout qu’on ne dévore pas l’espace ! Je ne viens pas proposer un spectacle, je dois laisser la place à tous ces jeunes espoirs qui viendront se présenter au public.

 

 

Ça permet aussi de revoir le public en « vrai »…

J’ai eu la chance, jusqu’au mois d’octobre, de pouvoir jouer mon spectacle – Tatie Jambon – malgré le couvre-feu. Puisqu’il est tout public et familial, il se joue souvent en matinée donc je n’ai pas eu d’aménagement à faire pour pouvoir continuer. C’était toujours plein et ça a été un vrai rayon de soleil juste avant qu’on bétonne complètement nos vies d’artistes pendant de longs mois… Et dès que ça a été possible en juin, je suis retournée sur scène et j’ai enfin retrouvé le public qui m’avait tant manqué ! La soirée prodigieuse ne sera pas un concert « à moi » mais ce sera un plaisir de pouvoir être sur scène en compagnie de « vrais » gens ! (rires) Je ne chanterai pas mais je vais me faire de belles bouclettes, me mettre de beaux faux-cils, choisir des talons pas trop hauts pour pouvoir trotter et je vais découvrir des talents donc je ne peux qu’être heureuse et excitée ! (rires) En plus, sans critiquer aucune autre région, aller sur la Côte d’Azur en été est loin d’être une torture ! (rires) Elizabeth a mis les petits plats dans les grands donc pour une fois, je vais faire ma diva pendant deux jours (rires) avant de repartir assez rapidement travailler dans la Drôme. Cette date est une respiration pour moi !

 

 

C’est long et compliqué de se faire sa place en tant qu’artiste et d’en vivre donc c’est très louable de chercher à soutenir la jeune génération…

C’est vrai qu’être artiste et se faire reconnaître en tant que tel exige un énorme engagement ! Avant d’oser « cracher » Ultima Récital et connaître un succès avec, il a fallu une vie d’apprentissage et de travail. Pour pouvoir surfer sur la vague lyrique de Mozart à Puccini en passant par la guitare électrique des Sex Pistols et en massacrant tout ça à la tronçonneuse d’une manière drôlatique mais juste, je n’ai pas pu improviser. Ça a décollé en 94 au Splendid mais j’étais montée à Paris en 1980 !J’ai démarré la musique à l’âge de 11 ans en chantant à la chorale de Montélimar et j’y suis restée jusqu’à mes 18 ans. Puis, sur Paris, j’ai enchaîné 14 ans d’études et de stages tout en étant prof de chant lyrique, variétés et jazz en parallèle… Jeune, je faisais des petits concerts l’été, je faisais la manche, je faisais de l’impro, du jazz, du gospel, du classique, des concours… En gros, quand j’ai écrit Ultima Récital à 30 ans, j’avais déjà un background de 20 ans et c’est vrai que, pour la jeune génération, c’est important de le souligner. La médiatisation peut souvent laisser croire que tout est soudain et facile alors qu’à moins d’un cas isolé, il faut avoir faire ses armes avant et accepter que le chemin sera long...

 

 

Aujourd’hui, j’ai bientôt 60 ans et je suis un peu connue donc je trouve normal, voire essentiel, d’aider les jeunes en leur transmettant ce que je sais. Et puis, ça me redonne une certaine jeunesse d’être à leur contact ! (rires) Quand je vois une jeune fille de 16 ans chanter un air de Mimi dans La Bohème de Puccini, je ne peux pas m’empêcher de penser que je suis passée par là. Je me mets immédiatement à la place de ces jeunes car je sais ce qu’est un concours ou une audition ! Le stress que ça représente ! (rires) « De mon temps », si on ne convenait pas au jury, il nous interrompait d’un coup de clochette et il nous appelait par un numéro ! Se former et essayer d’ouvrir des portes dans ce milieu, ça peut être très violent donc je ne peux être qu’en empathie avec les candidats. J’essaye de les aider à se recentrer en faisant un exercice de respiration, en leur massant un peu les épaules, en leur rappelant de se faire plaisir, de se concentrer sur la musique et d’essayer de rester le plus près possible de la pureté des émotions… Quand on sait qu’on va être jugé, on ne pense en général qu’à la technique alors qu’un public ou un jury attend un ensemble, il veut entendre une œuvre et pas une succession de prouesses vocales. Il y a quelque chose de complètement injuste dans tous ces métiers artistiques, c’est qu’on peut avoir une technique vocale redoutable mais ne pas avoir la grâce, ce petit truc en plus, inexplicable et incalculable, qui fera toute la différence parce qu’il se passera quelque chose… On n’est pas tous égaux et c’est d’une cruauté absolue !

 

 

Un besoin de les mettre en garde ?

J’ai viscéralement besoin de transmettre mes 50 ans de travail et tout ce qu’ils m’ont inculqué sur le boulot, sur l’art, sur les rapports humains et sur soi ! L’expérience m’a appris qu’il fallait se respecter, ne pas écouter les autres et aller vers son propre choix à soi, ne pas nourrir de trop grands rêves inatteignables au risque de passer son temps à courir après des chimères et de rater sa vie. La chose la plus importante que j’aimerais inculquer à tous ces jeunes passionnés et talentueux, c’est de ne pas oublier de réussir leurs vies personnelles. Être Callas fait rêver mais il ne faut pas oublier que sa vie de femme a été un drame…

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos droits réservés

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