https://www.youtube.com/watch?v=3pmpKIpc8Pw

INTERVIEW

Jarry en interview

By  | 

Véritable pile électrique autant sur scène que sur les plateaux de télé, Jarry a su séduire, avec un naturel plutôt déconcertant, un public qui lui semble acquis fait et cause… Car si être un bon comédien ou humoriste nécessite bien évidemment de savoir interpréter un rôle, des situations et des sentiments, un lien aussi indéfectible que celui que le pétillant quadra entretient avec ses spectateurs ne peut aucunement être le fruit de son unique talent. Sincère, sensible, émouvant et généreux en plus d’être drôle et divertissant, cet Atypique artiste, qui vit en ce moment les dernières dates de son premier spectacle en même temps que sa première grande expérience cinématographique, a su tout mettre en oeuvre pour se présenter et surtout rester celui qu’il était avant son étourdissant succès…

 

« Atypique » à St Raphaël le 23 janvier, à Marseille le 30 janvier et à Cagnes sur Mer le 13 février

 


« Je n’imaginais pas que le lien avec le public puisse être si intense ! »


Morgane Las Dit Peisson : Depuis deux ans, le rythme semble encore plus sportif..

Jarry : C’est souvent la comparaison que je fais pour les gens qui ne comprennent pas pourquoi, parfois, je ne sors pas… La scène est déjà quelque chose d’intense mais en plus, dans Atypique, je ne reste pas en place donc il faut que je fasse attention. J’essaye de manger le plus équilibré possible même en tournée, je fais du sport, j’ai un coach, je dors au minimum cinq heures par nuit et là, je vais prendre une semaine de vacances tout seul pour m’isoler, me ressourcer et récupérer. Ce n’est pas un rythme de vie tout à fait normal pour l’organisme mais je vis chaque soir des moments si formidables que ça mérite quelques sacrifices au quotidien

Tu t’apprêtes à ne jouer que des dernières…

C’est émotionnellement très fort pour moi et c’est même parfois compliqué à gérer tant ça me fait mal au coeur de tourner une page… Atypique est le spectacle qui m’a fait sortir de l’ombre, qui m’a permis de réaliser mon premier film, qui m’a ouvert une porte sur l’infini… J’y suis énormément attaché… Il a survécu grâce au bouche-à-oreille du public qui lui, n’a pas eu peur de mon image homosexuelle contrairement à certains médias au début. Alors c’est à ce public qui me suit que je dois tout, tous mes bonheurs et toutes mes expériences sur scène ou en télé. Pour lui, je me dois de rester le même, fidèle à mes valeurs. 

Si Atypique s’arrête, il y aura autre chose après…

Ce spectacle s’arrêtera le 17 mars prochain à Paris. Cette dernière semaine là, je jouerai chaque soir dans une salle différente qui m’a accueilli… À Marseille comme à St Raphaël je vivrai des dernières, à Cagnes sur Mer ce sera l’ultime représentation dans le sud… Chaque soir en ce moment, je dis au revoir à une ville alors je suis peut-être trop sensible mais pour moi c’est extrêmement émouvant… Et puisque je n’ai pas envie d’être trop longtemps éloigné du public, je suis déjà en train de réfléchir à la suite et d’écrire des petites choses.

Tu le disais les salles sont pleines et certaines personnes reviennent plusieurs fois…

Malgré les dates qui se sont enchaînées, je suis toujours impressionné que les gens payent pour venir voir mon spectacle… C’est aussi dingue que magique ! Quand je vois des familles entières qui ne roulent pas sur l’or et qui se saignent pour s’offrir des places, ça me bouleverse sincèrement et c’est pour ça que je veux toujours être en mesure de leur donner le meilleur de moi-même sur scène mais aussi, que je sois fatigué ou non, pendant les dédicaces. Ce sont des moments aussi importants pour moi que pour le public car la culture et le rire sont essentiels à nos vies, c’est d’ailleurs pour ça qu’avec ma production on a convenu que le billet ne dépasserait jamais 35 euros, quelque soit la salle. Plus, ce serait indécent !

Tu as fini par créer un véritable lien avec ton public…

Je n’imaginais pas que ce lien puisse être si intense ! C’est vraiment une relation très particulière car on tient sincèrement l’un à l’autre sans pour autant se connaître personnellement… Je reçois beaucoup de petits mots d’encouragement, des compliments mais aussi des témoignages parfois poignants. Je n’avais pas mesuré par exemple que je devriendrai un réconfort pour des personnes qui  se battent contre la maladie ou des jeunes qui ne savent pas comment vivre leur différence… Ça m’affecte énormément et ça me touche tout autant.

« Avouer » ou « assumer » son homosexualité sont des termes qui ne devraient plus exister… 

Tout le monde n’est pas cultivé et tolérant… Ce n’est ni erreur ni un choix en effet et pourtant, ça reste parfois compliqué à vivre… Personnellement, je l’ai dit ouvertement quand je l’ai accepté mais l’admettre a été assez violent. Il faut que les gens comprennent que quand on le vit au grand jour ce n’est pas une revendication ni même un signe de courage, c’est juste une question de survie pour ne plus souffrir en silence à force de mentir à tout le monde et se mentir à soi-même. La vie a fait ce choix à ma place et je dois m’en accommoder. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être en couple, d’avoir des enfants, d’être heureux, aimé de mes proches et j’essaye d’être toujours quelqu’un de bien pour mériter que ça dure. J’aimerais que mon expérience puisse servir aux gens qui, peu importe la raison, doutent d’eux. Il faut apprendre à s’aimer… Moi, c’est le public qui m’y a aidé…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Julien Benhamou

You must be logged in to post a comment Login