INTERVIEW

Interview de Maître Gims de Sexion d’Assaut pour Le Mensuel en 2013

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Sexion d’ Assaut

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SEXION D’ASSAUT

 

 
Interview de Maître Gims

  
« Tout ça est extrêmement émouvant car si on touche autant de gens si différents,

c’est peut-être que notre musique est vraiment bonne… »

 

Couronné de succès en tout genre avec son ultime album, « L’Apogée », le collectif Sexion d’Assaut a permis au rap de se réconcilier avec une large partie de la population qui ne voyait qu’en ce genre musical une invitation à la violence. Ne craignant pas les préjugés et ne désirant se soumettre à aucun cliché, les huit
rappeurs ont laissé parler leurs envies et surtout leurs sentiments…

sexion-d-assaut-interview-2013-photoMorgane L. :  Il est rare qu’un titre d’album soit aussi prémonitoire et « L’Apogée » est en effet un véritable phénomène en termes de vente d’albums…
Maître Gims : Franchement, sincèrement, j’espérais beaucoup de choses mais pas autant ! Je n’y pensais même pas. On n’imaginait pas grimper à cet étage là, toucher autant de personnes, atteindre ce niveau là… Il était hors de question de penser à tout ça. On visait le disque d’or, une certaine renommée, mais pas ça… On a vraiment été surpris par ce qu’il s’est passé !

Le titre au départ était tout de même osé…
Oui c’était osé et à double tranchant, soit on se cassait la gueule, soit… (rires) D’entrée de jeu, on a pris des risques. C’est un titre qui existait depuis très longtemps, depuis « L’école des points vitaux » et on s’était dit que si on faisait un deuxième album on l’appellerait ainsi. On s’est vraiment pris la tête, on a réellement compris quelque chose, on sait comment faire du son et on a eu la sensation d’être arrivés à notre propre apogée.

Une telle reconnaissance médiatique donne plus confiance en soi et encore plus l’envie de continuer ?
Ah oui carrément ! On a encore plus confiance parce qu’on voit qu’on est soutenu par les gens qui comprennent notre musique. Il y a de plus en plus de supporters, de personnes qui nous suivent. Il y a une prise de confiance, c’est sûr, c’est évident mais il y a aussi une prise de conscience.

Cette réussite change également le regard des médias, de la profession sur le rap en général ?
Ah oui très nettement ! On est tout de suite pris au sérieux et on peut faire beaucoup plus de choses, encore plus
intéressantes. Ça permet aussi de gagner du temps et d’ouvrir les portes plus facilement.

Le premier public est resté fidèle mais un nouveau est arrivé ?
Il y en a eu un nouveau, oui. Un grand nouveau public, très large ! On a touché des personnes très âgées comme des touts petits aussi d’à peine cinq ans… C’est complètement dingue !

C’est ça qui fait le plus plaisir ? De voir qu’on touche un peu toutes les générations ?
C’est surtout très étonnant parce qu’on sait pertinemment qu’on fait une musique assez « ciblée »… C’est extrêmement émouvant car si on touche autant de gens si différents, c’est peut-être que notre musique est vraiment bonne.

Ça permet aussi d’offrir une vision un peu différente sur le rap en général ?
Bien sûr ! On a proposé un nouveau rap aux gens qui avaient peut-être un peu peur de ce style de musique, qui ne connaissaient que du rap un peu violent, et ce qu’on fait prouve que dans le rap, il y a d’autres choses, il y a d’autres facettes…

Comme le titre « Avant qu’elle parte », qui n’a certainement pas été écrit dans le but de séduire les gens mais qui a pas mal contribué à la découverte de cet univers musical ?
Oui, en fait, il a été la tête de « L’Apogée ». C’est ce morceau là, élu « Chanson de l’année », qui a vraiment propulsé notre album. Les autres titres y ont aussi contribué bien sûr, mais celui là est véritablement particulier. C’est un morceau très sincère que l’on a composé suite à la disparition des mamans de deux membres du groupe, ce qui donne ce son si singulier.

Ce titre s’adresse à tous alors qu’on imagine souvent à tort que le rap est automatiquement agressif…
C’est la mélodie, qu’on aimait beaucoup, qui est arrivée en premier. Elle m’est venue un jour comme ça en tournée et je la fredonnais tout le temps. On a fait une instru sans avoir ni thème, ni paroles. Peu de temps après, il y a malheureusement eu le décès de la maman d’un des membres du groupe et c’est là que ça a commencé à prendre forme. On a réalisé qu’on ne disait pas forcément assez aux gens qu’on aime qu’on les aime avant qu’ils ne s’en aillent. « Avant qu’elle parte », ça a été notre façon de rendre hommage à la maman de notre ami mais aussi à toutes les mères du monde entier…

On trouve aussi des cordes, c’est rare… Aucune crainte de trop adoucir l’image du rappeur ?
Non pas du tout car nous faisons d’abord de la musique. Nous sommes des musiciens et s’il faut ajouter un violon, un accordéon ou une guitare pour la cohérence d’un titre, on le fera. On n’a jamais été bloqué par ce genre de clichés là.

Comment avez-vous évolués en dix ans, par rapport aux rêves de gamin que vous aviez à l’époque ?
Déjà c’est parti de là… c’est parti d’un rêve qui s’est finalement concrétiser, qui est devenu palpable. En dix ans, on a fait beaucoup de travaux différents, on changé de maisons de disques, on a pris des râteaux ! (rires) On a aussi rencontré les bonnes personnes, c’est important et on a eu la chance que notre musique plaise… D’ailleurs, on est en train d’écrire un livre en ce moment sur tout ça et sur l’histoire du groupe. De mon côté, j’ai en écrit un autre, plus personnel, sur ma vie privée. Pas mal de nouvelles choses devraient arriver dans les mois à venir…

On parle beaucoup de l’album, mais « Sexion d’Assaut » c’est aussi et surtout sur scène…
Ah la scène ! La scène, c’est la clé de tout ! Et en vérité, c’est là que ça se passe vraiment. Ce n’est ni en studio ni ailleurs… C’est sur scène, quand on rencontre le public, les gens que tout prend un sens. On voit de nos yeux les gens qui nous soutiennent et qui nous suivent, tout se matérialise, tout prend son sens sur scène.

Des musiciens vous accompagnent ?
On a des musiciens, un Dj. On voyage avec des cars, des camions, il y a du matériel. Il y a des techniciens, des cuisiniers… On est toute une équipe sur la route et sur scène, ça donne un résultat exceptionnel ! Un artiste qui n’a pas connu la scène n’a rien connu…

Avec tout ça n’a-t-on pas un peu l’angoisse de penser qu’il va falloir en ressortir un prochain ?
Si, toujours ! Après « L’école des points vitaux » il y a eu une réelle angoisse. On avait un gros titre,« Désolé », et il fallait qu’on réussisse à faire encore mieux… Mais ce n’est jamais évident alors cette angoisse là, je crois qu’on l’aura toujours.

Et les projets ? Un prochain album ?
Pour l’instant pas encore car il y a une série d’albums solos qui vont arriver et qui nous permettent de nous épanouir, de souffler, c’est très important de laisser se reposer l’univers du groupe pour qu’il garde toutes ses qualités. 



Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson
Interview parue dans l’édition n°337 de Mai 2013

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