INTERVIEW

Interview de l’humoriste Bérengère Krief pour Le Mensuel en 2013

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 Bérengère Krief

en interview 

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BÉRENGÈRE KRIEF

  
 Interview réalisée au Festival Performance d’Acteur 2013

  

« Si je dis des atrocités tout en les accompagnant d’un petit sourire, ça passe plutôt bien ! » 

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Quand on la voit aussi candide, pétillante et acidulée, on ne pourrait jamais s’imaginer que la jolie Bérengère Krief soit capable de prononcer une quelconque grossièreté… Voilà pourquoi il ne faut jamais se fier aux apparences ! « Plan cul régulier » de Kyan Khojandi dans la série Bref, la belle, avec franc-parler
et en parfait intermédiaire, n’hésite pas à taper sur la race masculine autant que sur son propre camp dans l’espoir de faciliter un dialogue trop souvent laborieux.

berengere-krief-interview-2013-C2Morgane L. :  Comment avez-vous trouvé cette soirée à Performance d’Acteur ?   
Bérengère Krief : J’ai passé une très bonne soirée, formidable ! Ça fait toujours plaisir de retrouver d’autres artistes talentueux avec qui partager la scène. Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vus tous les quatre avec Nicole (Ferroni), Lamine (Lezghad) et Guillaume (Meurice), donc c’est très chouette de passer un moment ensemble. Et puis, surtout, je suis une grande fan de Nice et du Var… J’adore venir ici et dès l’aéroport, je me sens déjà très bien ! (rires)

Ça fait du bien, quand on a l’habitude d’être seule sur scène, de partager des moments avec d’autres ?  
Ah oui ! Partager la scène, je le faisais avant de faire du one man show et ça fait toujours plaisir d’avoir un collectif autour de soi. Ça a quelque chose d’assez reposant.

Le one man show est une activité difficile ?
Oui car le projet de départ, c’est tout de même d’être seule sur scène, devant un décor nu, pour faire rire les gens ! Le résultat n’est quasiment que sonore. Il n’y a rien sur scène pour s’amuser ou pour s’occuper, faire des trucs… Donc du coup, je pense qu’être seule en scène ne peut être qu’une vocation. Avant d’oser me lancer, quand je voyais des gens le pratiquer, même toute petite, j’avais une émotion assez particulière… Un peu comme quand on est fan d’un groupe de musique. Petite, je n’avais pas trop d’attirance pour des groupes et ce qui me faisait vraiment vibrer, c’était les one man shows. Après, j’ai découvert que c’était effectivement une discipline très difficile qui génère un gros stress, une grosse adrénaline mais quand ça se passe bien, c’est vraiment génial !

Quels étaient les humoristes que vous admiriez ?  
Quand j’étais petite, j’adorais Elie et Dieudonné… J’aimais beaucoup d’hommes au début. J’étais aussi très fan d’Eric et Ramzy. Et, tout dernièrement, je me suis rappelée aussi être allée au spectacle d’Axel Laffont, à Paris, au Palais des Glaces. Je crois que c’est vraiment cette fois là que je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. Ensuite, évidemment, je me suis intéressée à Florence Foresti qui a définitivement ouvert la voie du stand-up féminin.

Ce soir, du fait que vous étiez quatre à vous partager la scène, on n’a eu qu’un court extrait de votre spectacle…
Oui une toute petite demi-heure mais ça me va aussi ! C’est un rythme différent à prendre, je suis très contente car ça oblige à travailler différemment, à être plus efficace, tout de suite. Et puis… ça m’a fait faire mon sport quotidien ! (rires)

Avec qui avez vous travaillé ce spectacle ?
Je l’ai travaillé avec un auteur, Grégoire Dey qui a également signé la mise en scène du spectacle. C’est là que je m’aperçois que pour un one man, j’ai la chance d’être assez entourée car j’ai aussi un chorégraphe, Boris Charmatz,  qui m’aide beaucoup ! (rires) Parce que, l’air de rien, j’ai des chorégraphies… (rires) Sans oublier Nicolas Vital qui, lui aussi m’aide continuellement sur l’équilibre de l’aspect visuel du spectacle. Pour l’écriture, en tous cas, c’est à Grégoire Bey que j’ai choisi de faire confiance car il est véritablement à l’écoute de ce que je peux proposer, des anecdotes que je vais lui raconter et qu’il va remettre en forme pour les adapter aux besoins du spectacle.

Dans les anecdotes tout le monde en prend un peu pour son grade…
Oui effectivement ! C’est très équilibré ! (rires) On retrouve beaucoup d’autodérision sur les filles mais les garçons ne sont pas mis de côté pour autant ! Mais j’ai l’impression qu’ils sentent bien qu’ils sont les bienvenus, je crois qu’ils aiment bien. C’est vraiment du 50/50, ce n’est pas parce que je suis une femme que je devais faire un débat sur l’homme pendant une heure et demie. C’est un spectacle très équilibré en fin de comptes !

Vous avez un style assez particulier, on a parfois l’impression d’entendre des propos masculins dans la bouche d’une poupée…
Oui c’est un peu ça ! J’ose tout dire enfin tout ce qui me passe par la tête ! Sur scène, je déambule avec une petite barrette dans les cheveux et une petite robe à fleurs, du coup, si je dis des atrocités tout en les accompagnant d’un petit sourire, ça passe plutôt bien ! (rires)

Et bizarrement, ça passe en douceur…
Je pense sincèrement que les limites de notre humour sont fixées par notre physique. À un moment donné, certaines personnes ne peuvent pas dire certaines choses, et même si je donne l’impression de tout aborder, il y a quand même des trucs que je ne peux pas dire, juste parce qu’ils ne me correspondent pas. C’est le physique qui, quoi qu’on fasse, et selon la façon dont on l’exploite, qui nous ouvre le champ des possibles. Alors moi, effectivement, je joue avec le côté un peu angélique que m’a offert une blondeur souvent assimilée à la douceur et à la candeur. C’est ce décalage entre le fond et la forme qui est souvent le plus marrant.

Le sketch sur la drague, c’est du vécu ?
La répartie « anti-relous » est un de mes premiers sketchs. J’en avais eu l’idée parce que c’est un truc qui arrive malheureusement souvent à beaucoup de filles ! On est dans la rue, on marche tranquillement, on n’a pas forcément une tenue aguicheuse et on se fait alpaguer par un mec avec une approche complètement bidon ! C’est là qu’on se demande s’il imagine vraiment que sa technique peut réellement fonctionner sur quelqu’un ! Y’a-t-il vraiment des filles qui montent dans une Opel Corsa pleine de mecs qu’elles ne connaissent pas, à minuit ? Je me pose sincèrement la question ! Et puis, un jour, quelqu’un m’a demandé si on parlait de ce genre de trucs entre copines et je me suis aperçue que non. Ça m’a donné l’idée de le verbaliser et puisque ça marche plutôt bien, j’en déduis que ça n’arrive pas qu’à moi ! (rires) Du coup, le spectacle permet aussi de faire passer des conseils aux filles et de proposer quelques réparties bien utiles…

Mais alors ceux qui viennent le voir vont peut-être draguer autrement ?  
J’espère ! (rires) Souvent des mecs me disent qu’après avoir vu ça, ils pensent ne plus pouvoir me draguer. Faux ! Car l’exemple que je donne, ce n’est pas de la drague mais de l’agression verbale. Il existe des tas de sortes de séduction et pour faire craquer les filles, il y a plein d’autres trucs à faire, que les hommes ne se formalisent pas.

Sur un temps très court comme ce soir, ce n’est pas un peu difficile de s’accorder avec les autres artistes pour offrir un ensemble équilibré ?
Non dans l’ensemble, ça va. On a juste fait un petit montage, une mise au point, pour que ce soit le plus fluide possible. Personnellement, j’ai choisi de faire un extrait où tout s’enchaîne pour que ça ressemble le plus possible au spectacle dans son ensemble.

Vous échangez beaucoup avec le public, c’est quelque chose qui est venu naturellement ?
On est tous ensemble, dans la même salle, et désormais on discute et on échange des sujets de société. Mais à l’origine, dans la toute première version de mon spectacle, je ne m’adressais pas aux gens directement. Un jour, pendant que j’étais sur scène, je ne sais pas vraiment pourquoi, j’en ai eu marre et j’ai décidé que ma copine Julie serait « les gens », le public dans la salle. J’ai cassé le mur en live ! (rires) J’aime quand on se parle, quand on se regarde… et lorsqu’il se passe de telles choses dans la salle, il faut en profiter…



Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson
Interview parue dans l’édition n°341 d’Octobre 2013
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