INTERVIEW

Grupo Compay Segundo en interview

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S’il est bien connu que la musique est un des seuls domaines à savoir franchir les frontières tout en étant capable de toucher de la même manière tous ceux qui la reçoivent, on oublie souvent que, depuis la nuit des temps, elle possède également le don de traverser les siècles sans, parfois, prendre une ride… Soucieux de continuer à offrir une part d’éternité à l’oeuvre d’un des artistes cubains les plus connus dans le monde, son fils, – Salvador Repilado Labrada – continue sans cesse, encore aujourd’hui et en compagnie des musiciens qui jouaient avec ce maître incontesté de la salsa, à interpréter le répertoire de Compay Segundo désormais devenu un classique du genre…

À Puget sur Argens le 10 mai • À Toulon le 18 mai

 


« Transmettre ses valeurs, c’est le garder présent en chacun de nous… »


 

Morgane Las Dit Peisson : On va vous voir en concert en France au mois de mai…

Salvador Repilado Labrada : Nous sommes neuf musiciens à parcourir les routes ensemble depuis de nombreuses années, et chaque soir, on a la chance de vivre avec le public un échange spontané qui ne ressemble jamais à celui de la veille… Tous, nous avons énormément appris au contact de Compay, tant du point de vue de la technique que du ressenti alors on est capable de jouer sa musique mais surtout, le plus important, c’est qu’on sait y mettre, comme lui, tout notre coeur. Transmettre ses valeurs, c’est le garder présent en chacun de nous alors il n’est pas rare qu’on sente encore sa présence sur scène… 

Pourquoi, selon vous, la musique cubaine voyage-t-elle aussi bien ?

Je crois que notre musique plaît autant aux gens car elle leur permet de voyager et de rêver d’un pays lointain où ils ne sont, pour la plupart, jamais allés… Grâce à elle, aux sensations qu’elle procure et au pouvoir de l’imaginaire, on les emmène à Cuba le temps d’une soirée en attendant, qui sait, qu’ils y aillent en personne… (rires)

La musique semble occuper une place importante dans la culture cubaine…

C’est vrai qu’à Cuba, la culture musicale occupe une place prépondérante… D’ailleurs, mon père m’a toujours dit que celui qui était capable d’écrire de belles paroles et une jolie mélodie était digne d’admiration ! La musique traditionnelle cubaine est, grâce aux chanteurs et aux troubadours, l’expression de toutes les racines et de toutes les traditions de notre peuple, témoignant ainsi de l’identité de notre pays

Votre père est resté un personnage important à Cuba…

Je crois que mon père a marqué le peuple cubain par sa musique bien sûr mais surtout par sa vitalité et sa jovialité… Le mot qu’il détestait le plus par exemple était el hastio, le dégoût et il disait « tant que vous sourirez à la vie, elle vous donnera le meilleur de ses sourires »… C’était un homme bon et sage…

Reprendre le flambeau à sa disparition a été une évidence ?

Nous faisons en sorte, ses musiciens et moi, d’honorer son œuvre et de brandir bien haut ce grand héritage artistique que Compay nous a laissé. En tant que témoins de son œuvre et de son travail, c’est pour nous essentiel d’emmener la musique traditionnelle cubaine partout dans le monde, en restant fidèles à son esprit. Nous lui rendons hommage en faisant du « Compay » dans nos concerts et, bien que nous y apportions quelques arrangements un peu plus modernes, on se refuse à s’éloigner de l’essence même de son travail…

Il aurait eu 110 ans cette année, c’est une tournée spéciale pour le groupe ?

Oui et c’est aussi les 60 ans de la création du Grupo Compay Segundo donc pour fêter ces deux anniversaires, nous allons, à travers cette tournée, proposer essentiellement des chansons qu’avait écrites Compay et, dont certaines ont été très peu jouées… Il devrait donc y avoir quelques surprises au programme pour le public…

Compay a été attiré par la musique alors qu’il n’était qu’un enfant…

Compay s’est en effet dirigé tout petit vers la musique… Il l’a étudiée avec de grands maîtres et surtout, il n’a jamais cessé d’être passionné par elle. Il l’a pratiquée toute sa vie au point que ses évolutions de carrière à lui aient marqué l’histoire de la musique cubaine. Même l’armonico qu’il a inventé est devenu un instrument incontournable à Cuba.

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Luis Mario Gell

Interview parue dans Le Mensuel de mai 2017 n°381 éditions #1 et #2

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