COUPS DE COEUR

Didier Bourdon en interview pour son 1er album « Le Bourdon »

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Si on a tous chanté au moins une fois Isabelle a les yeux bleus ou Auteuil, Neuilly, Passy, on a rarement recherché qui en était à l’origine… Pourtant, ça lui aurait peut-être évité d’avoir à écrire Pourquoi tu te mets à la chanson ? dans son 1er album Le bourdon ! Car bien qu’on le connaisse évidemment comme humoriste dans Les Inconnus et comme comédien, Didier Bourdon est également, depuis toujours (ou presque), un auteur, compositeur et interprète qui aujourd’hui, ose se mettre à nu dans un album plein d’humour, d’autodérision, de mélancolie, de satire, d’ironie et de réflexion. Une jolie découverte et un échange beaucoup trop riche et passionnant pour tenir sur quelques lignes d’un magazine… À retrouver en intégralité ici ! 👇


 

🎵  album Le Bourdon disponible à partir du 11 juin ici !

 


« Je suis un bourdon parfois joyeux et parfois cafardeux ! »


 

 

Morgane Las Dit Peisson : Vous avez un agenda bien rempli…

Didier Bourdon : Malgré la période, je n’ai pas à me plaindre car même si certains tournages ont été arrêtés, je suis passé à travers les gouttes et j’ai beaucoup tourné l’année dernière ! Certes avec le masque, les tests PCR et compagnie… mais j’ai travaillé et je suis conscient de ma chance ! Pour les artistes qui exercent leur métier exclusivement sur scène, ça a été une horreur ! J’ai des amis qui ont dû arrêter leurs spectacles sans même savoir s’ils pourront les reprendre…

 

Un 1er album – Le bourdon – qui sortira le 11 juin 2021 mais vous pratiquez le chant, l’écriture et la composition depuis toujours ou presque… Ça officialise un peu la chose au grand jour donc ça génère un trac particulier ?

Si je devais assurer un concert demain j’aurais en effet une légère appréhension… (rires) Sûrement un peu plus importante que le trac que je ressens habituellement avant de monter sur scène puisque je n’ai pas encore eu l’occasion de le faire mais là, pour la sortie de l’album, c’est différent dans la mesure où « l’objet » est déjà là, je l’ai énormément travaillé et j’ai été beaucoup épaulé. Bien sûr, je ne vais pas mentir, je me demande si les gens vont être touchés par l’album parce que c’est le but que l’on recherche quand on en sort un mais dans l’ensemble, je suis « satisfait » de ce que j’ai fait car ça correspond à ce que j’avais en tête. C’est un vrai nuancier avec des chansons très différentes mais reliées entre elles par un fil conducteur et surtout par le très beau travail des techniciens sur les arrangements et la voix. En ça, le Covid m’a presque « aidé » car ils n’étaient pas sur la route et ont eu un peu plus de temps que prévu pour peaufiner l’album !

 

10 morceaux nés un à un au fil des inspirations ou imaginés avec la volonté d’en faire un album ?

C’est étrange car je ne me souviens pas vraiment du moment où l’idée même de l’album m’est venu en tête, je n’ai pas l’impression d’avoir réellement pris une décision… J’ai griffonné et au fur et à mesure, ça s’est dessiné… Assez naturellement la forme de l’album est apparue… J’ai choisi de supprimer des titres qui ne correspondaient pas à mon état d’esprit du moment et j’ai décidé de ne pas faire les reprises que j’envisageais de Topor et Reinhardt Wagner, pas par manque d’envie mais parce que les 10 morceaux du Bourdon formaient un équilibre.

Une reprise de Vice et versa

C’était un clin d’œil sympa à faire et surtout, ça m’a fait un bien fou d’être adoubé par mes deux copains avec qui tout a commencé. Enregistrer aujourd’hui Vice et versa avec Pascal Légitimus et Bernard Campan replace aussi Le bourdon dans une continuité car pour Les Inconnus je composais déjà les musiques des sketches.

 

C’est vrai qu’on s’est rarement demandé d’où venaient C’est toi que je t’aime et Auteuil Neuilly Passy

C’est pour ça que mon producteur m’a demandé d’ouvrir l’album avec Pourquoi tu te mets à la chanson ? Ça permet de rétablir un peu les choses ! (rires) Mais en même temps, je ne trouve pas ça si mal que personne ne se soit vraiment penché sur les compositions à l’époque, car elles avaient vocation de sketches, pas de singles ! (rires) Ça signifie que le travail a été bien fait même si aujourd’hui, Isabelle a les yeux bleus a fini par exister presque par elle-même ! (rires) Ça n’avait peut-être pas l’air mais même les petits formats de 30 secondes étaient bien ficelés… J’ai d’ailleurs revu il y a pas longtemps Les Bidonduiles où Pascal chantait en lead – c’était très drôle ! (rires) – et même si c’était juste un format court avec un petit bout de couplet et un mini refrain, on l’avait bossé sérieusement. C’était un vrai plaisir pour moi de faire ce travail-là !

 

On a tous des préjugés, c’est humain… Quand quelqu’un qu’on connaît en tant que comédien sort un album, ça peut surprendre et c’est en ça que Pourquoi tu te mets à la chanson ?, Art majeur et Do sol mi sont intelligents. Ils permettent de « poser » le décor et de désamorcer cette éternelle « sectorisation » artistique…

C’était vraiment le but recherché, « poser le décor » et couper court, avec humour, aux interrogations qu’il est tout à fait normal que le public ait. Cette fois-ci, c’est avec la chanson mais je connais ça depuis toujours ! Étant estampillé « humoriste », dès que j’ai abordé des rôles dramatiques, j’ai eu à me confronter aux a priori et c’est logique parce qu’en effet, on a tous des préjugés sur ce qu’on ne connaît pas. Un artiste ne doit pas se braquer face à ça, c’est à lui de faire ses preuves pour convaincre les gens qu’il est légitime dans son nouveau « rôle ». Les réseaux sociaux, étrangement, me sont assez utiles pour ça car ils me permettent de toucher véritablement et directement le public sans filtres ni jugements. Les gens reçoivent et y sont sensibles ou non d’ailleurs ! (rires) C’est ce qui est un peu particulier par rapport à un film qui raconte une histoire et qui est porté par un réalisateur et plusieurs acteurs… Un album, c’est quelque chose de beaucoup plus intime donc les retours sont encore plus précieux ou « violents » s’ils sont négatifs… C’est un peu comme un recueil de poésies dans lequel on se met à nu et qui fait directement appel aux sens, aux sensations et aux sentiments de ceux qui le découvrent.

Le bourdon est plein d’humour, d’autodérision, de mélancolie, de satire, d’ironie et surtout de réflexion comme dans Ritournelle mélancolique qui parle des politiques… Vous vous demandez où est la gauche mais en réalité il n’y a plus réellement de partis ni même d’idéaux…

J’avais écrit Ritournelle mélancolique il y a un petit moment d’où la référence à Mitterrand et au Parti Socialiste mais c’est vrai que de nos jours, on a l’impression qu’ils en sont tous là. Ils se placent tous mais ne semblent plus avoir de réelles convictions. Il faudrait remettre les pendules à l’heure… J’espère d’ailleurs que cette histoire de Covid nous a permis de comprendre que le profit était bien sûr nécessaire mais qu’il ne devrait pas être une fin en soi… Fermer une boîte uniquement pour que les actionnaires se partagent des bénéfices sans se préoccuper des employés mis sur le carreau, ça ne devrait plus exister ! Ça me touche que vous vous arrêtiez sur ce morceau car en effet, j’aime faire rire et sourire mais c’est important pour moi que mes textes transpirent de ce qui m’anime, m’inquiète ou m’interpelle.

 

Cet album est une belle surprise car il est varié musicalement sans être incohérent…

Sur cette partie, j’ai vraiment été très aidé par mon équipe. On a pris le temps de choisir soigneusement chaque instrument et de trouver les liens entre chaque chanson. C’est un travail magnifique à faire ! Le bourdon est un nuancier musical et c’est vrai que sans le savoir-faire des techniciens et des musiciens, ça aurait pu avoir un rendu totalement différent. C’est une étape longue et fastidieuse mais passionnante que j’adorais déjà faire à l’époque des Inconnus où, après avoir enregistré un titre, il fallait le retravailler pour la télé, la scène ou le cinéma. Je crois que ça reflète bien ma personnalité… Je ne me verrais pas faire toujours la même chose ! Ce que j’ai adoré avec cet album c’est, qu’il m’a donné l’occasion, à l’intérieur même des chansons, d’explorer des univers différents et surtout des écritures différentes, c’est un exercice excitant !

Je vais vous faire une révélation… (rires) J’aimais beaucoup, quand j’étais jeune, un disque de Joe Dassin sur lequel tous les noms de titres étaient écrits d’une couleur différente et c’est un peu comme ça que je vois mon album ! J’ai choisi le « bourdon » comme « emblème » parce qu’il butine des fleurs différentes mais que son miel en est le fruit commun…

J’étais tout jeune et c’est marrant d’ailleurs que ça m’ait marqué car peu de temps après, le producteur de Joe Dassin – Jacques Plait – avait produit mon spectacle sur des vampires ! Il m’a raconté des histoires sur ce chanteur que j’aimais tant et elles m’ont vraiment surpris ! Il avait de terribles sautes d’humeur que la prise de certaines substances accentuait… Je ne le voyais tellement pas comme ça ! Comme quoi, des fois, il n’est pas plus mal de ne pas tout connaître des artistes ! (rires) Tout ça pour dire que tout est inconsciemment assez lié car de cette expérience avec les Chansons vampires, j’ai repris une mélodie sur Le bourdon. Je l’ai retravaillée, modernisée et actualisée et ça a donné Transylvanie.

Un album qui sort à un moment où l’industrie musicale se cherche…

Je sens qu’aujourd’hui, le côté « single » ne veut plus dire grand-chose, on n’écoute en effet plus la musique de la même manière qu’il y a 20 ans. On « picore » beaucoup, on pioche chez plein d’artistes des morceaux qui captent notre attention sans pour autant consommer l’album dans son intégralité comme on pouvait le faire il y a quelques années.

C’est pour ça que j’avais envie de sortir mon album en précommande avant qu’il ne se retrouve « disséqué » sur les plateformes ! (rires) Je voulais ainsi inciter les gens à l’écouter comme il a été imaginé, dans son ensemble… Mais je ne critique pas du tout le principe même de cette technologie qui me permet de découvrir régulièrement des artistes que je n’aurais jamais eu l’idée de rechercher ! On peut faire des trouvailles au bout du monde avec une simple appli, c’est magique mais ça induit, inévitablement, une modification de l’écoute… On élargit notre champ de vision donc on prend moins le temps d’approfondir chaque album… Ce n’est ni mal ni bien, c’est juste différent !

 

Éditer un album aujourd’hui alors que le milieu souffre du manque de ventes « physiques » et que vous avez déjà une carrière bien installée est une réponse à Pourquoi tu te lances dans la chanson ?… Ce n’est ni pour faire fortune ni pour vous faire connaître mais seulement pour assouvir un besoin devenu viscéral…

Exactement… J’ai toujours agi comme ça, sans véritablement soupeser ce que j’avais à y gagner ou à y perdre… Je ne suis pas vraiment dans le calcul ! (rires) J’avais en effet des choses à dire, des thèmes que je voulais aborder, des envies de poésie comme dans Comme je vous envie… C’est peut-être d’ailleurs ma préférée ! Ce que j’y évoque ne pourrait pas figurer, par exemple, dans un sketch ou dans un film… Seul ce type d’écriture pouvait me permettre de le faire.

Des rythmes variés qui créent des atmosphères et des humeurs différentes…

Transylvanie prend ses racines dans ma « vingtaine »… Et on a beau dire, on ne peut pas rivaliser avec l’énergie et l’inventivité de la jeunesse ! Cette composition en est la preuve, aucune autre dans l’album n’a ce côté punchy ! Elles ont autre chose parce qu’avec l’expérience et l’âge, on gagne en compréhension, en maturité, en sagesse… Je le vois avec des artistes que j’aime énormément comme Sting. Aujourd’hui il fait des choses merveilleuses mais il n’a plus la même pêche qu’à 25 ans ! C’est comme ça, il faut l’accepter sans pour autant oublier ce qu’on a été… C’est pour ça que j’étais content de retrouver la ferveur de ce morceau ! L’intégrer à l’album c’était aussi faire un clin d’œil au chemin parcouru et, c’est vrai, à mes humeurs changeantes… (rires) Je suis un bourdon parfois joyeux et parfois cafardeux ! (rires) Je n’arrive pas à changer ça mais en même temps, j’ai la sensation qu’on est tous un peu comme ça. Personne ne peut être, enfin je crois, d’humeur égale en permanence mais en tant qu’artiste, j’ai peut-être une sensibilité exacerbée qui me procure ce besoin d’exprimer ces états d’âme plus que quelqu’un d’autre ? Ou alors j’ai besoin de me plonger dans ces états pour m’en nourrir ? Je ne sais pas dans quel sens ce mécanisme fonctionne finalement mais je sais que la mélancolie – l’encre d’Alain Souchon – n’est pas, à mes yeux, un sentiment négatif. C’est peut-être ça qui fait de nous des artistes populaires. On est un peu le miroir de tout le monde…

 

Comme je vous envie me rappelle un peu les « 60 fois l’enfance » d’Enzo Enzo dans son Balai de crin… Ça souligne qu’on ne devient jamais vraiment adulte et que dès qu’on pense « maîtriser » quelque chose, on s’interroge sur autre chose et évidemment, sur le sens de la vie…

Je l’ai écrite après la mort de mon père… C’était un pilier quand j’étais enfant alors le voir partir m’a vraiment fait bizarre… Il a été courageux jusqu’au bout mais il est parti… Le voir « diminué », lui, qui me semblait si fort, ça a chamboulé mes certitudes. Je pense que Comme je vous envie peut toucher énormément de gens car on a beau, parfois, essayer de se donner des grands airs, il y a ces moments où l’on est tous pareils, démunis et criblés de doutes !

La souffrance qu’on sera tous amenés à vivre un jour ou l’autre est joliment décrite « Après le beau temps vient la pluie » mais ça rappelle aussi que puisque c’est cyclique, ça s’estompera ensuite…

Oui c’est vraiment pour ça que « j’apprécie » ces moments de mélancolie et que je n’ai pas envie de les combattre à tout prix. C’est un sentiment qui incite à regarder les choses sous un nouvel angle et c’est très souvent constructif.

J’avais écrit un autre texte dans lequel je disais « Une vérité acquise est aussitôt compromise ». Je trouve ça tellement vrai ! Quand je regarde des débats politiques par exemple, même si je penche d’un côté, je vais avoir tendance, après les avoir tous écoutés, à penser que tout le monde a un peu raison. C’est très rare qu’une personne, quelle qu’elle soit, n’ait pas un tout petit peu raison, ça me rappelle d’ailleurs une fable indienne (rires) Un dieu arrive au milieu de deux villages. Ils vont se disputer car l’un va dire que le dieu avait un chapeau vert et l’autre qu’il avait un chapeau rouge. Ce dieu revient et ils s’aperçoivent alors qu’il avait un chapeau de deux couleurs mais que chaque village ne voyait qu’un seul côté du chapeau… Je la raconte vite mais c’est une très jolie fable pleine de bon sens.

J’espère toucher des gens avec – entre autres – cette chanson car partager ce qui fait mal a un pouvoir apaisant…

 

On le disait tout à l’heure, un album c’est de l’intime, c’est une mise à nu…

Ma femme m’a beaucoup aidé sur ça ! J’ai parfois eu envie d’abandonner mais elle a m’a poussé à faire en sorte qu’il existe et j’en suis heureux. Le temps passe vite, on peut facilement se laisser happer par le rythme des tournages, des obligations mais aussi des barrières qu’on se met soi-même et on arrive rapidement à un âge qu’on n’a pas vu venir ! (rires) C’est pour qu’il ne faut jamais trop repousser ce qui nous tient à cœur. On parlait de la jeunesse mais quand j’y repense, jusqu’à mes 20 ans tout me semblait être une éternité alors que le passage de 40 ans à 60 ans s’est fait en clin d’œil ! C’est incroyable et c’est pour ça que je peux comprendre que certains jeunes ne supportent plus ce qu’on vit avec le Covid. À leur échelle, quelques mois c’est une éternité ! Ça peut paraître, pour nous, moins grave que de risquer de perdre sa société ou de ne pas pouvoir travailler mais il n’y a pas de petit drame ! Ne pas pouvoir sortir, draguer et s’amuser comme ils devraient le faire à leur âge, à leur échelle, c’est un drame ! On voit tous les choses selon notre propre prisme…

Par contre, il faut toujours voir le positif dans chaque chose et « grâce » à l’isolement, les jeunes ont peut-être compris que les tablettes et le virtuel, ce n’était pas suffisant… Ah, si jeunesse savait et si vieillesse pouvait ! (rires)

 

Chaque âge a son charme et ses avantages… Le bourdon n’aurait pas pu exister il y a 20 ans…

Il aurait pu exister mais d’une autre manière donc en effet, ça n’aurait pas été lui. Ce n’est pas toujours évident d’apprivoiser le temps qui passe alors je crois que parfois, il faut éviter de trop intellectualiser et laisser les choses se faire naturellement. Je dois reprendre, pour une émission de télé, Le chanteur de Balavoine et bien que ce soit la même chanson qu’il y a 30 ans, je pense que je ne l’aurais pas interprétée de la même manière à ce moment-là. Aujourd’hui, je me sens beaucoup plus en adéquation avec le dernier couplet qui parle de la vieillesse et d’ailleurs, je me demande comment Balavoine la chanterait s’il était encore là… Je me pose souvent ce genre de questions un peu « idiotes »… Je pense régulièrement à Coluche aussi et à ce qu’il nous aurait apporté en ce moment…

Et pour en revenir à l’album, il y a la musique mais aussi l’image grâce à un clip conceptuel et pâtissier…

(rires) Ce sont des italiens qui ont fait le clip de Pourquoi tu te mets à la chanson ? Je ne voulais pas faire un truc premier degré (car ça je l’ai confié aux internautes qui vont se filmer en train de chanter sur ce titre) et j’ai aimé leur proposition complètement décalée ! C’est ma cuisine à moi, c’est Bourdon qui peint des roses, qui fait un gâteau étrange avec des gens encore plus étranges – c’est entre Buñuel et David Lynch -, le tout avec des couleurs bien pétantes et moi qui, à la fin, mange mon gâteau d’où sort un bourdon. C’est très surréaliste !

 

Un duo – Si tu me suis – avec une comédienne, Michèle Laroque…

Elle chante très bien et surtout, elle est comédienne ! Je ne me sens jamais aussi à l’aise que quand je joue un personnage et dans ce titre, il était justement question d’incarnation. J’avais besoin d’une véritable actrice qui joue la sensualité et que ça apparaisse tout de suite comme du second degré. Je trouve que notre duo s’équilibre bien car elle a une voix beaucoup plus ensoleillée que la mienne. On a failli tourner un film ensemble (que j’espère faire bientôt) et c’est ce qui m’a donné cette idée. J’avais peur qu’elle soit trop occupée pour accepter mais elle s’est prêtée au jeu tout de suite et a dégagé des créneaux pour l’enregistrement et pour le tournage du clip…

Est-ce que le point commun entre tout ce que vous faites – puisque chanter ne vous empêchera pas de continuer à tourner – ce n’est pas simplement de raconter des histoires et d’offrir des petites capsules d’évasion et de réflexion aux gens ?

Depuis Les Inconnus, ça fait partie de notre ADN, on essaye de mélanger le premier et le second degré pour que ce soit savoureux. Même moi je rigole encore devant les sketches qu’on faisait et je crois que c’est grâce à l’ironie justement, au recul et aux petits coups de griffe ! Quand on écrit des paroles de chanson, il faut qu’il y ait de ça mais aussi que la forme sonne… Pour Médias médiocres, les allitérations m’ont plu même si c’est surtout le fond qui m’a intéressé. Entre les réseaux sociaux et les chaînes d’infos, le rythme n’a fait que me donner une résonnance sur l’immédiateté, le ridicule et la superficialité. Ça me tenait à cœur de parler de ce côté un peu malsain… Une fois j’ai vu des affiches dans le métro, je n’ai pas reconnu l’actrice tellement ils avaient abusé de Photoshop ! (rires) J’essaye d’en rire mais ça finit par faire peur d’observer toutes ces dérives…

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos par Ohazar Balthazar


Interview parue dans Le Mensuel n°420 de mai 2021

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