INTERVIEW

Roch Voisine en interview

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Après avoir vécu une incroyable et colossale tournée en compagnie de Corneille et Garou pour le projet Forever Gentlemen, Roch Voisine s’apprête à repartir, comme il l’a toujours fait depuis 30 ans, en solo. De retour donc avec un 22ème album intitulé Devant nous, le ténébreux québécois a une fois de plus décidé de ne pas reproduire la recette d’un succès qu’il avait déjà connu. Préférant se laisser envoûter par son besoin de nouveauté et d’expérimentation, c’est vers la pop que l’artiste s’est tourné sans pour autant délaisser les textes qui, encore plus que jamais, sont empreints de profondeur… Entre l’absurdité des guerres de religion dans Les dieux verts et la peur de mourir comme de voir partir ceux qu’on aime dans J’veux pas vieillir – qui clôture merveilleusement l’album avec une candeur presque enfantine, Roch Voisine surprend, émeut et prouve qu’il a su « bien veillir » avec son temps.

 

NOUVEL ALBUM « DEVANT NOUS »

Sortie le 31 mars 2017 

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« C’est important de véhiculer un peu d’espoir et j’estime que c’est notre rôle à nous, artistes… »


 

Morgane Las Dit Peisson : Comment te sentais-tu à l’approche de la sortie de ton nouvel album Devant nous ?

Roch Voisine : Une sortie d’album, c’est toujours un peu mystérieux… Je compare souvent ça avec le cinéma car lorsqu’un film arrive en salle, les acteurs et le réalisateur sont déjà sur autre chose et pour nous, c’est plus ou moins pareil. Le travail est terminé depuis quelques mois alors on a eu le temps de prendre un peu de distance. Je trouve ça pas mal car on est moins dedans et surtout moins à fleur de peau ! (rires) On est plus pragmatique quand on regarde ce que c’est devenu même s’il ne faut pas se mentir, on a toujours hâte de voir si les gens vont accrocher…

Il y a encore quelques jours, tu étais sur scène avec Garou et Corneille… Prêt à repartir sur un projet rien qu’à toi ?   

Maintenant que je me suis bien habitué à travailler en groupe avec eux, pour la première fois de ma vie, je trouve étrange d’être seul ! (rires) Ça passera vite mais il faut avouer que c’est plus facile et beaucoup plus rassurant d’être sur scène avec deux potes car tu sais qu’ils peuvent prendre le relai ou compenser si tu es moins en forme…

Devant nous est différent du précédent album qui était déjà différent de son prédécesseur…

C’est vrai que j’ai un peu habitué les gens à ça ces dernières années, ils ont l’air d’apprécier et moi, je m’amuse beaucoup plus comme ça. Varier les plaisirs me permet d’apprendre autre chose, de voir la musique différemment et d’interpréter autrement.  C’est très excitant qu’il y ait quelque chose d’inattendu à chaque fois même si ce n’est pas le plus évident à réaliser au bout de 30 ans de carrière… Cette fois-ci, on a trouvé ce souffle de nouveauté dans la pop anglaise en lui apportant une influence française et on s’est beaucoup amusé en le faisant. Le but d’un album est de rencontrer un maximum de gens et, puisqu’ils sont de plus en plus en mouvement entre la voiture, le sport et les transports, il faut que notre musique s’adapte à leur nouveau rythme de vie si l’on veut les aider à nous aimer… Le côté pop de Devant nous est un peu dû à ça mais aussi aux demandes des radios qui ont un format bien précis. On a choisi de jouer le jeu, ça m’a incité à interpréter les chansons différemment et je me suis amusé comme un fou ! 

Une pop anglaise et de vrais textes en français…

(rires) À 54 ans, on ne peut plus faire de la pop comme à 20 ans donc on ne peut pas aborder non plus les mêmes sujets. J’ai voulu des textes plutôt ouverts sur la société et sur les enjeux actuels. C’était important pour moi d’avoir un spectre assez large tout en donnant l’impression aux gens que c’est à eux que l’on s’adresse personnellement. 

Devant nous est positif, c’est signe qu’il y a un avenir…

Oui c’est optimiste mais en même temps, ça demande une prise de conscience… Quand je dis « Nous voilà au pied de demain », c’est pour rappeler que si l’on veut qu’il y ait encore un lendemain, il va falloir que nous fassions des choix importants, on n’a plus le temps d’attendre ni de continuer à « jouer »… Je crois que notre société en est un peu arrivée là, elle est à la fin de son adolescence et il faut qu’elle accepte de devenir enfin adulte pour prendre les bonnes décisions.

Comme au cinéma parle de la capacité de résilience qu’a l’être humain…

Cette capacité que l’on a à se relever après une tempête pour continuer à avancer me fascine ! C’est certain que l’existence peut-être très compliquée mais il ne faut jamais oublier que c’est une chance d’être en vie. Il n’y a pas que des drames dans le monde et même si c’est moins vendeur pour les chaînes d’info, c’est important de véhiculer un peu d’espoir et j’estime que c’est notre rôle à nous, artistes…

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© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Laurence Labat

Interview parue dans Le Mensuel d’avril 2017 n°380 éditions #1 et #2

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