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Arturo Brachetti Interview Le Mensuel

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Arturo Brachetti

en interview vidéo 

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Interview

Arturo BRACHETTI


Plus de 80 personnages nous emmèneront au cœur du 7ème art. Avec des vidéos, des illustrations sonores et de très belles lumières qui accompagnent sa mémoire cinéphile, l’artiste se métamorphose plus vite que son ombre, en Fellini, Lawrence d’Arabie, Scarlett O’Hara, Mary Poppins, Lisa Minnelli, Charlie Chaplin, Liz Taylor en Cléopâtre en passant par James Bond ou King Kong…
Personnage à la fois multiple et unique, on comprend pourquoi ça l’agace tant d’être copié… Faut-il être attristé devant si peu d’originalité ou flatté d’être imité ?
Quoi qu’il en soit, il n’est pas prêt d’être égalé ! À la recherche constante d’innovations et animé par une passion qui ne fait que croître avec ses nombreuses années d’expérience,
il s’est définitivement imposé comme l’unique maître de la transformation du monde.

 Samedi 17 Mars 2012 – 21h – Acropolis – NICE – De 39,50€ à 49,50€  Réservez ici !

« Aujourd’hui, beaucoup de gens me copient mais à mes yeux, ils n’ont rien compris… »

Vidéo en cours de montage…

 


Morgane L. : Ce n’est pas courant de se « transformer », comment vous est venue cette idée, la toute première fois, étant enfant ?

Arturo Brachetti : J’étais un petit garçon extrêmement timide et c’est pour ça que mes parents m’ont mis dans un collège qui était un séminaire, pour m’obliger à parler et à jouer avec les autres ! (rires) C’est là-bas que j’ai rencontré un prêtre qui faisait des tours de magie. Ça me plaisait beaucoup et en même temps, les tours de magie m’ont obligé à me présenter aux autres pour les faire donc tout le monde était content et mes parents aussi. Mais j’avais toujours cette réticence à monter sur scène et au séminaire, il y avait un entrepôt de costumes qui servaient pour les pièces de théâtre et j’ai commencé à les emprunter pour faire mes tours de magie. Je me déguisais en chinois, en indien etc. et j’avais beaucoup plus de courage ! (rires) Je voyais qu’à quinze ans, habillé en indien pour faire la corde indienne, c’était bien plus facile pour moi. Petit à petit, j’ai commencé à mettre un costume après l’autre, et à seize ans, j’ai fait un petit numéro à trois personnages avec des costumes du séminaire que j’ai dû faire retoucher par ma mère car j’avais déjà inventé pas mal de trucs et tout le monde a dit « Ouah c’est fantastique ! On n’a jamais revu ça depuis Fregoli ! » Donc en 1979, je me suis retrouvé comme le seul transformiste « en vitesse », dans la tradition de Fregoli, au monde. Je suis parti pour Paris et ils m’ont pris tout de suite pour faire un numéro de six personnages !

Le seul au monde ?

Oui ! Mais je ne le savais pas ! (rires) À l’époque, je ne savais même pas qu’il y avait eu un maître de la transformation ! Des maîtres de magie oui mais les changements comme ça non, ça n’existait pas. À part des vieilles photos de Leopoldo Fregoli de 1910, il n’y avait rien…

Avant de faire ce spectacle « Arturo Brachetti fait son cinéma » que nous allons découvrir à Nice le 17 mars 2012, vous en aviez déjà fait un sur le thème du cinéma « Brachetti in Technicolor » ?
Oui, c’était un spectacle que nous avions fait en Italie il y a une quinzaine d’années. C’était déjà une espèce de folie sur le monde du cinéma mais il y avait une histoire alors que cette fois-ci, c’est plus un spectacle de variétés dans lequel je parle directement au public. Dans mon spectacle actuel, le fil rouge, c’est le rapport que j’entretiens avec le cinéma… La première fois que je suis allé au cinéma ou encore la première fois que je suis entré au musée du cinéma…

Justement, cette culture et cet amour du septième art, vous viennent d’où ?
Mon père m’a emmené au cinéma quand j’avais à peine cinq ans parce que son patron lui avait offert deux places. Par hasard, on est tombé cette fois-là sur un film de nazis, un film si terrifiant que mon père a dû me faire sortir de la salle à peine un quart d’heure après le début tellement je pleurais ! Et j’en ai fait des cauchemars jusqu’à l’âge de trente ans ! (rires)

Dans « Arturo Brachetti fait son cinéma », on retrouve autant de cinéma italien, que français, européen et américain ? On a un panorama de tous les grands films qui ont jalonné l’histoire du cinéma ?
C’est vraiment inspiré d’un cinéma international parce qu’il faut qu’on fasse un spectacle qui va être présenté dans le monde entier y compris aux Etats-Unis alors il y a un peu de tout en effet. Ainsi, tout le monde pourra s’y reconnaître.

Quels univers allons-nous retrouver et comment arrivez-vous à les marier sur scène ? Du film d’horreur, du film pour enfant, de la comédie romantique, du poétique, du burlesque…
Les différents numéros sont organisés d’une façon historique, chronologique. Je commence le spectacle par les films que je voyais quand j’étais petit et ce sont des personnages comme Mary Poppins, Spider-Man, les cowboys, Lawrence d’Arabie, les Mousquetaires, d’Artagnan etc. Puis, je continue par le cinéma d’horreur vu à travers ma première visite au musée du cinéma de Turin, qui est d’ailleurs le plus grand au monde et où il y a souvent des expositions dont de nombreuses ont pour thème les films d’horreur. Sur scène, j’en parle et je deviens l’Exorciste, Linda, la tronçonneuse et je parle aussi d’un autre personnage qui ne m’a quand même pas fait rêver (rires) mais qui m’a rendu très curieux, Lon Chaney, l’homme aux mille visages. Il a été le premier acteur à se déguiser autant pour incarner ses rôles. Il a fait le premier Quasimodo, le Fantôme de l’Opéra, des « Pierrot », des clowns bizarres et j’endosse dans le spectacle ces personnages là également. Il y a un morceau sur Fellini qui est, je pense, le moment le plus poétique du spectacle (c’est mon metteur en scène préféré, naturellement !) mais aussi un sur Hollywood dans lequel je deviens une quarantaine de personnages de films américains.

Alors en tout, vous alternez combien de personnages ?
80 ! (rires)
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Je sais que vous ne me révélerez aucun secret, mais du point de vue plus technique, comment créez-vous ces numéros ?
Je pars toujours d’une histoire et du coup, une nécessité de faire certains personnages va s’imposer. Aujourd’hui, beaucoup de gens me copient mais à mes yeux, ils n’ont rien compris… Ils partent d’une espèce de parades de costumes et ils essayent ensuite de greffer une histoire dessus. Alors que cette discipline, c’est comme écrire une pièce… Je pars donc de l’histoire, je me dis par exemple qu’on va faire quelque chose sur le thème de l’horreur, ensuite je vais étudier quels sont les personnages mes plus marquants, je fais une liste et enfin, j’essaye de les remettre ensemble d’une façon logique. Et lorsque le scenario du sketch est bien défini, et seulement à ce moment-là, je dessine les costumes et je réfléchis à la façon dont ils doivent être construits. Je passe ensuite ces croquis au costumier pour qu’il finalise la vraie maquette en redessinant le tout à son goût, en respectant mes contraintes et enfin, on passe à la phase « atelier » où je passe des journées entières !

Vous êtes seul en scène, mais je suppose que beaucoup de monde travaille en coulisses sur ce projet ?
En coulisses, avec les costumiers, les accessoiristes, les techniciens, les régisseurs etc., on n’est que douze ! Alors que pour préparer les costumes, on est beaucoup plus… Du point de la préparation, c’est un spectacle qui s’apparente à une grosse production. Il y a des décors truqués, des marionnettes, des effets spéciaux et tout ça demande du temps et naturellement, de l’argent.

Ce genre de spectacle doit demander une rigueur et une précision extrêmes ?
Oh oui ! Heureusement, je suis entouré par des gens extraordinaires et je te le dis franchement ! En fait, c’est comme si j’étais le footballeur qui marque le but et que j’avais des gens qui me passent la balle (rires)… Les gens m’applaudissent mais ces applaudissements sont à partager avec toute mon équipe. J’ai par exemple trois assistants secrets : deux pour les costumes et un pour les perruques donc dès que je rentre dans les coulisses, j’ai les trois qui se ruent sur moi ! (rires) Et après trois secondes de lutte avec les matériaux, je sors « changé » ! C’est souvent beaucoup plus marrant d’observer en coulisses ! Souvent le producteur vient nous voir et reste dans les loges pour regarder où est passé son argent comme il dit ! (rires)

Je suppose que ça varie selon les costumes, mais en moyenne, vous avez besoin de combien de secondes pour vous changer ?
Le minimum, c’est une seconde et demie comme dans le « Guinness des Records » et le plus long je ne sais pas… Peut-être huit secondes… Par exemple, il y a un moment très marrant où je suis en caleçon sur scène et je me rhabille en chaussures, pantalon, tee-shirt, veste… en seulement quatre secondes ! Mais le contraire est beaucoup plus facile. Et ça, se rhabiller complètement à partir d’un caleçon, je t’assure que personne ne le fait !

Tout ça oblige que les costumes ne soient fait que sur mesure ? Vous ne pouvez rien acheter « tout fait » ?
Oui, automatiquement… C’est pour ça que je ne peux pas grossir ! Je fais une diète là et je suis condamné à manger du riz nature et des sushis le midi par exemple et des légumes et de la viande le soir, c’est tout ! C’est un peu ennuyeux mais je me rattrape ailleurs ! Au moins, à 18h, j’ai le droit de manger du chocolat quand même. Le chocolat et le sexe sont les deux seules choses qui donnent de la joie sans faire grossir ! (rires)

 

Spectacle « Arturo Brachetti fait son cinéma »
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel

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