INTERVIEW

Sébastien Castro en interview

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Fortement remarqué, il y a dix ans, par les amateurs de théâtre grâce à la pièce Le comique de Pierre Palmade, Sébastien Castro n’a depuis cessé d’enchaîner les rôles… De Lady Oscar à dernièrement C’est encore mieux l’après-midi en passant par L’Étudiante et Monsieur Henri, celui qui devrait bientôt participer à la reprise du Prénom sur les planches mais aussi voir sa toute première pièce se monter, a imposé un style, une diction et un personnage théâtral jusque là encore jamais exploré. Avec des airs de Droopy, un flegme et une prestance très britanniques et un regard faussement ingénu, le jeu de ce comédien – actuellement à l’affiche de la pièce fantastique et psychologique Moi, moi et François B – ne peut que séduire ceux qui regrettent le temps des Jacques Villeret, Louis de Funès ou Maria Pacôme…

 

Sébastien Castro pour la pièce « Moi, moi et François B. » à Aix en Pce du 13 au 17 mars, à Marseille le 29 mars, à Hyères le 30 mars

 


« Les arts vivants sont devenus, je crois, un refuge… »


Morgane Las Dit Peisson : Moi, moi et François B est la première pièce de Clément Gayet…

Sébastien Castro : C’est d’ailleurs difficile d’imaginer, quand on voit la pièce, qu’elle est l’oeuvre d’un « débutant » tant elle est originale et efficace ! (rires) Je me suis lancé dans ce projet car je fais toujours confiance à ma première lecture… Quand je débute un « scénario », que je ne peux pas m’empêcher d’aller jusqu’au bout et que je m’imagine tout de suite le jouer, c’est qu’il n’y a pas plus de questions à se poser. C’est tellement rare que lorsque ça arrive, ça résonne comme une évidence et c’est exactement ce qu’il s’est passé avec Moi, moi et François B. Au théâtre, si tout se passe bien, on peut vivre longtemps avec un rôle alors c’est essentiel, à mes yeux, d’avoir un véritable coup de coeur, de se fier à son instinct. 

Il s’agit d’une sorte de science-fiction théâtrale…

C’est tout à fait le terme approprié… Ce n’est vraiment pas un genre fréquent au théâtre mais, bien que ça participe au succès de la pièce, cette « innovation » est loin d’en être l’unique raison ! Clément Gayet est avant tout un auteur qui aime s’amuser avec les mots et son parcours est très touchant car, même s’il a secrètement rêvé que sa pièce se monte un jour, il n’y a pas cru une seconde ! (rires) Il n’a fait les choses que par pure passion, sans aucun calcul et quand on le voit nous rejoindre sur scène comme acteur – lui qui n’avait jamais fait ça auparavant -, ça nous replonge nous, Constance Dollé, Inès Valarcher, François Berléand et moi, dans nos premières fois et je dois avouer que ça a quelque chose de magique…

Le rôle de Vincent, un étrange auteur, a été écrit pour vous…

Quand on vous annonce un truc pareil, ça touche forcément énormément mais, si la pièce n’avait pas été bonne, j’aurais trouvé le courage de refuser le rôle. Incarner Vincent a quelque chose de savoureux car, bien qu’il ne soit pas moi, il ressemble exactement à ce que j’aime interpréter au point que j’ai parfois eu la sensation d’avoir écrit moi-même ses répliques ! C’est un incroyable cadeau pour un comédien…

Au delà du rire, c’est une pièce qui éveille l’attention et la curiosité…

Oui et c’est très jouissif quand on est sur scène ! Faire rire est une de mes plus grandes passions mais surprendre les spectateurs est une motivation tout aussi importante. Quand on est sur les planches, on a besoin de ressentir le public et de vivre avec lui les émotions que notre jeu lui procure… Avec les continuelles avancées technologiques, les gens s’inquiètent souvent de la place qu’il va rester à cette petite chose très artisanale et toute simple qu’est le théâtre alors qu’étrangement, j’ai l’impression que ça ravive l’intérêt du public… Face aux effets spéciaux ou à internet, les arts vivants sont devenus, je crois, un refuge. L’espèce humaine n’est pas faite pour vivre seule, elle a besoin de la chaleur et de la compagnie de « vrais » gens, en chair et en os !

Vous avez façonné un « clown » scénique, un style reconnaissable mais différent à chaque fois comme l’ont fait Michel Roux ou Jacqueline Maillan…

Ça me plaît d’entendre ça et ça me touche beaucoup… (rires) Étant enfant, ça a fait partie de mes premiers émois de téléspectateur quand je regardais Au théâtre ce soir. C’était tellement agréable et rassurant quelque part de retrouver un acteur qui, au fil des pièces et des différentes histoires, faisait évoluer un personnage auquel je m’étais attaché dans une précédente aventure. Celui que j’ai « créé » m’est venu assez naturellement et progressivement car quand on débute en tant que comédien, on ne sait pas trop ce que l’on renvoie. Ce n’est que petit à petit, à force d’expériences, que l’on se rend compte de ce qui nous colle à la peau et quand on y parvient, il faut ensuite faire très attention à ne jamais proposer exactement la même chose…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos J. Stey & Guillaume Malheiro


Interview parue dans les éditions #1 et #2 du mois de mars 2018

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