INTERVIEW

Olivier de Benoist en interview

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La quarantaine triomphante, Olivier De Benoist nous réconforte en nous prouvant, grâce à son expérience personnelle, que le vieillissement n’est pas que synonyme d’enterrement ! Plus serein aujourd’hui, bien moins obsédé par la compétition, la médiatisation et surtout l’angoisse de passer à côté de quelque chose et de tomber dans l’oubli en disant « non » ne serait-ce qu’une fois à une proposition, l’humoriste – pas moins occupé pour autant – conscient de son évolution, s’est posé – à travers son spectacle 0/40 ans – pour faire un petit état des lieux ! Abordant des thèmes plus variés que celui de sa pauvre femme – qui en avait pris pour son grade dans ses précédents one-man-shows – l’artiste au débit si singulier tente de nous convaincre qu’en prenant de l’âge, il aurait – en plus de sa sérénité – gagné en maturité…

 

Dans « 0/40 ans » à Géménos le 13 octobre 2017, à Hyères le 14 octobre 2017, à Marseille le 17 mars 2018 et à Puget sur Argens le 24 mars 2018

Dans l’émission « Code promo » sur France 2 chaque dimanche à 15h45

 


« Je savoure enfin, je prends réellement du plaisir… »


 

 

Morgane Las Dit Peisson : Comme les précédents, ton dernier spectacle 0/40 ans a tendance à afficher complet…

Olivier De Benoist : Il faudrait qu’un jour je commence à faire payer les places… (rires) Sérieusement, c’est très touchant et c’est certainement pour ça que je continue à faire des spectacles… Les gens répondent présents, je m’amuse, ils le ressentent du coup eux aussi s’amusent, c’est un véritable cercle vertueux qui s’est surtout mis en place il y a six ans et tant ça fonctionnera ainsi, je pense que je n’aurais pas envie de faire de pause.

Tu n’as d’ailleurs pas fait de pause entre tes différents spectacles…

Ce qui est vraiment crevant, c’est le manque de sommeil… Tout est très condensé et quand tu arrives quelque part, tu n’as pas d’autre choix que d’être très bon pendant une heure et demie… Je mets un point d’honneur à toujours donner le meilleur de moi en ne m’autorisant pas à être « moyen » alors bien sûr, je peux être un peu moins satisfait de ma prestation certains soirs mais je ne m’économise jamais. Et puis, à côté de la scène, il y a les sketchs pour la télé qu’il faut sans cesse renouveler, la promo, la peur de ne pas remplir les salles… C’est un petit peu comme dans tous les métiers, c’est le stress qui épuise.

Ça oblige à prendre soin de soi comme un sportif ?

Il y a de ça en effet ! (rires) Et puis, pour arranger le tout, je suis hypocondriaque donc même quand il fait 30 degrés je me balade avec une écharpe, j’éteins la clim, je bois du thé… Je suis un malade qui va bien, c’est toujours mieux que l’inverse ! (rires) 

Pour ce spectacle là, bien que tu aies enchaîné directement après Fournisseur d’excès, tu as pris un peu plus ton temps…

Un spectacle, c’est un peu comme un nouveau-né que l’on présente chaque soir, on a envie qu’il soit le plus beau et le plus abouti possible… Car quelque part, dans un one-man-show, c’est un peu de nous que l’on offre au public… On est seul face aux gens, on voit leurs regards et on s’aperçoit tout de suite s’ils n’ont pas eu ce qu’ils étaient venus chercher. C’est très cruel comme activité alors il est impossible de partir deux ou trois ans en tournée en subissant constamment la déception de ceux à qui l’on s’adresse, d’où l’importance de prendre le temps d’écrire, de peaufiner et de tester un spectacle afin qu’il soit à la hauteur de leurs attentes.

Contrairement à beaucoup d’artistes, tu as d’abord rodé 0/40 ans à Paris…

Ce n’est pas un secret, le public parisien et le public provincial ne sont pas les mêmes. Sur Paris, il y a pléthore de spectacles et pour beaucoup d’habitants de la Capitale, aller au théâtre n’est pas extraordinaire, ils se décident souvent au dernier moment comme beaucoup de français qui vont au cinéma donc il s’agit d’un public en général moins enthousiaste, plus intransigeant et moins évident à séduire. J’ai donc décidé de faire l’inverse de ce qui se fait habituellement en rodant sur Paris jusqu’à obtenir le résultat que je désirais pour partir en tournée. En province, on sent que le public nous donne un réel rendez-vous, il n’est pas moins exigeant mais il est beaucoup plus bienveillant. 

Je ne sais pas si c’est la quarantaine qui fait ça mais tu as l’air plus détendu…

C’est vrai que c’est la grosse différence entre cette tournée et les précédentes… J’ai longtemps été sous pression, dans un esprit compétitif et boulimique et j’ai désormais la sensation d’avoir réussi à me détacher d’un certain stress… Quand je suis venu à Fayence par exemple, j’ai pris le temps de lever la tête et d’admirer la vue. Ça peut paraître bête mais je ne m’accordais pas tellement de temps mort, je ne pensais qu’à écrire toujours plus et je me sentais comme un grand gagnant du loto qui avait besoin de s’assurer constamment qu’il avait bien les six bons numéros ! (rires) Maintenant, je suis plus serein, j’arrive plus tôt sur les lieux, j’observe… Bref, je savoure enfin, je prends réellement du plaisir et même si rien n’est jamais gagné, je me sens un peu plus légitime qu’avant.

Et maintenant, tu sais dire « non »…

(rires) En tous cas, j’essaie ! Claudia Cardinale avait dit que ça lui avait pris 30 ans pour savoir dire non ! Je pense que ça vient du fait que l’on a atrocement peur que tout ce qu’on a mis des années à atteindre s’arrête d’un coup et puis c’est toujours plus facile de dire oui, on le voit avec les enfants par exemple. Désormais, je sais dire non, particulièrement à la télé qui peut-être un univers très chronophage mais je crois que je le dois en grande partie à mon âge… On dit que « 40 ans est un âge cruel car c’est l’âge où nous devenons ce que nous sommes » et je pense que c’est vrai. C’est un bel âge où l’on sait ce que l’on aime et surtout ce que l’on n’aime pas, un âge où l’on gagne en confiance.

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo droits réservés

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