INTERVIEW

Nawell Madani en interview

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Depuis plus de trois ans maintenant, Nawell Madani n’a cessé de tourner avec son spectacle C’est moi la plus belge ! qui, quant à lui, n’a cessé d’afficher complet et de voir les salles s’élargir en séduisant un public de plus en plus nombreux et varié ! Plus que bien occupée donc, la travailleuse tant acharnée que passionnée qu’elle est n’a pourtant pas su résister à une nouvelle soif d’expériences… Alors qu’elle peaufine actuellement C’est tout pour moi – son tout premier long-métrage qui sortira en salle le 18 octobre prochain -, la belle humoriste aux désormais multiples casquettes vient de lancer un autre de ses projets, Couscous c’est nous, une web-série qu’elle a elle-même mise sur pied. Reflétant le quotidien d’un couple dit « mixte », Nawell Madani rappelle combien les différences peuvent nous enrichir et combien il est important de ne pas se laisser manipuler par ceux qui souhaitent nous diviser dans le seul espoir de mieux régner…

 

« COUSCOUS C’EST NOUS »

Web série à retrouver ici

 


« Ce vivre ensemble est un bien trop précieux pour qu’on le laisse s’éteindre… »


 

Morgane Las Dit Peisson : Après la scène et le cinéma, tu t’es lancée cette fois-ci dans la création d’une web-série intitulée Couscous c’est nous

Nawell Madani : J’ai eu cette idée de web-série en regardant des programmes courts à la télé car je me suis aperçue qu’il n’y avait jamais d’arabes, de noirs ou d’asiatiques dedans. Les familles que l’on nous proposent sont toujours franco-françaises et même dans Scènes de ménages que j’adore, il n’y a finalement qu’un seul black pour représenter toute la diversité qui existe en France… Ce n’est pas une critique mais juste une observation et vu que je ne me reconnaissais en personne, j’ai eu la sensation que ce que l’on nous proposait n’était peut-être plus si représentatif de la France d’aujourd’hui.

Tu as donc préféré agir plutôt que te plaindre ou te victimiser…

Personnellement, j’ai des potes pakistanais, chinois, arabes, français et noirs et c’est une mixité que je ne retrouve pas dans les programmes télé populaires alors, plutôt que de me plaindre inutilement, je me suis dit que je n’avais en effet qu’à proposer à mon tour un programme court où il y aurait un peu de toutes les nationalités qui composent désormais nos pays. Alors j’ai appelé Booder, Noom Diawara, Medi Sadoun, Hatem Ben Arfa, Zaho ou encore Artus et tout s’est enchaîné comme ça. Ce sont des amis à moi que j’avais vraiment envie d’avoir à mes côtés pour la réalisation de ce projet alors ils apparaissent en guests tout au long des épisodes qui ont d’ailleurs été écrits en fonction d’eux. On s’est amusé à imaginer ce que donnerait Zaho en meilleure amie, Hatem en frère ou Artus en petit ami…

Le résultat est à la hauteur de tes espérances ?

Oui vraiment… Je l’ai écrit puis tourné et on est très très content du rendu ! On a d’ailleurs déjà des chaînes de télé qui nous ont approchés… Ce sont 16 épisodes destinés – en tous cas pour le moment (rires) – au web…

Couscous c’est nous

Pour moi, « Coucou c’est nous » est vraiment une expression française et ça m’a amusée de la « rebeutiser » ! J’aime bien apporter une petite touche arabe dans des choses qui ne m’appartiennent pas forcément et j’ai trouvé que ça collait à la perfection à la famille un peu intrusive que je me suis créée dans la série… Elle est bruyante, elle prend de la place – comme ma vraie famille d’ailleurs (rires) – alors j’ai ajouté des « s » à « coucou » pour signifier ses débarquements assez récurrents ! (rires) Et puis, ça a donné « couscous » qui est le plat fédérateur par excellence, c’est un plat de partage et de convivialité qui apparaît à des moments cruciaux dans nos vies… Que l’on se marie, qu’il y ait une naissance ou que l’on perde quelqu’un de cher, on fait un couscous… C’est une spécialité culinaire qui nous accompagne de notre arrivée sur terre jusqu’à notre mort alors c’était intéressant de l’intégrer dans le titre.

Pour la première fois, on retrouve une marque agro-alimentaire à la production d’une série…

Oui ce n’était pas calculé mais pour le coup, c’est plutôt bien tombé ! Safina est une marque algérienne qui produit entre autre du couscous et qui a choisi de nous suivre dans ce projet… J’ai trouvé ça très drôle comme idée qu’ils croient en nous, en notre vision des choses et qu’ils aient envie de la soutenir ! En Algérie, cette marque est hyper présente dans toutes les familles, c’est un peu comme les confitures Bonne Maman en France, tout le monde a un produit Safina dans son placard ! (rires)

Une série humoristique, qui, à notre époque a d’autres vertus…

Exactement, c’est fait bien sûr pour faire kiffer les gens mais derrière l’humour, il y a toujours des messages plus profonds… On est à une période où l’on a plus que jamais besoin de rire face à tous les messages de division que l’on nous renvoie et j’espère pouvoir véhiculer un discours fédérateur… Car si on peut rire ensemble, c’est bien qu’on peut vivre ensemble… C’est le message que porte mon spectacle et j’espère que ça se poursuivra avec cette série. Dans la France que j’ai connue et que j’aime profondément, on ne faisait pas la différence entre tel ou tel être humain, on avait la chance de ne pas être angoissé par la question de la religion et je souhaite de tout coeur qu’on revienne à ça car cette liberté et ce vivre ensemble qui caractérise la France est un bien trop précieux pour qu’on le laisse s’éteindre…

Pour le démontrer, on a un couple mixte…

Oui, Hughy – pour Hugues-Henri – et Leïla montrent qu’ils sont évidemment différents mais que c’est aussi ça qui les rapproche… En écrivant, je pensais que ça parlerait plus à ma famille mais Artus y a tout de suite reconnu la sienne et c’est ça, je crois, la force de la série, c’est qu’à la création autant qu’au rendu, on est dans une dynamique de complémentarité et d’échange…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Ahmed Bahhodh

Interview parue dans Le Mensuel de mai 2017 n°381 éditions #1 et #2

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