INTERVIEW

Maceo Parker en interview

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Il fallait que Maceo Parker ait vraiment quelque chose de spécial pour que James Brown le choisisse en personne et le garde à ses côtés pendant tant d’années… Preuve que le maître du funk ne se trompait pas, le musicien remplit toujours les salles aujourd’hui, à plus de soixante-dix ans…

EN CONCERT

À Saint-Raphaël au Festival des Jazz le 10 juillet 2017

 


« Tant que mon docteur ne me dira pas de me calmer, je continuerai ! »


 

Morgane Las Dit Peisson : Vous venez régulièrement en tournée en France, qu’est-ce qui vous séduit chez nous ?

Maceo Parker : Avant même de connaître votre pays, je crois que j’en suis tombé amoureux grâce à, déjà à l’époque, la musique ! (rires) Enfant, je rêvassais en écoutant le titre April in Paris et à l’école, on nous apprenait de nombreuses chansons sur la France en général, et sur Paris en particulier. Quand j’ai réalisé que je voulais devenir musicien, je me suis dit que ce serait super de pouvoir voyager un jour en exerçant ma passion. De mémoire, il me semble que la première fois que j’ai voyagé en Europe avec James Brown, c’était pour jouer à Paris. Je suis très attaché à la France ! C’est d‘ailleurs le seul pays où les officiers de sécurité de l’aéroport me saluent chaleureusement et demandent à faire une photo avec moi… J’adore ! (rires) Et puis, j’ai aussi reçu une victoire d’honneur pour ma carrière au Paris Jazz Festival en 2012…

Vous avez à votre actif une quinzaine d’albums… Une préférence pour la scène ou pour le studio ?

Si j’étais condamné à choisir, je me tournerais vers le live sans aucune hésitation car rien ne peut remplacer l’échange et le contact avec le public… Mais il est aussi très important qu’il puisse écouter de la musique chez lui alors le travail en studio reste essentiel ! (rires)

Votre musique traverse les années sans prendre une ride, quelle est votre recette ?

Il n’y en a pas, ce serait trop facile ! (rires) Je crois que la musique vers laquelle je tends naturellement est le fruit, en grande partie, de ce que j’ai écouté étant jeune. On a tous des affinités différentes et instinctives comme le fait de préférer le salé ou le sucré… Quand on s’essaye à la musique, c’est un peu la même chose, on goûte de temps en temps à des nouveautés mais inconsciemment, on revient toujours à nos premières amours. Pour mes frères et moi, ça a été le style de James Brown et on a eu une chance incroyable de pouvoir travailler à ses côtés mais il n’y a pas de formule magique, il y a juste ce que chaque individu aime sincèrement.

Vous participez à de nombreux festivals de Jazz…

Oui, et pourtant je ne considère pas vraiment que je fais du jazz… Ma musique est vraiment ce que l’on appelle de la funk. C’est vrai que ces deux genres musicaux sont relativement proches et qu’ils se complètent souvent mais ils ont de nombreuses différences. Le jazz est bien « réglé »… En termes d’ambiance, c’est un peu comme si le jazz pouvait servir de musique de fond dans une bibliothèque et la funk, de musique d’ambiance pendant un match de basket ! (rires) Pour moi, la première s’écoute tandis que la seconde se vit. Mais il n’empêche que j’adore le jazz ! Grâce à lui, j’ai travaillé et beaucoup voyagé… C’est comme un rêve devenu réalité et je le dois en grande partie au jazz.

Pendant 25 ans, vous avez suivi James Brown…

Mon grand-frère était trombone et le plus jeune était batteur. Nous jouions énormément ensemble alors que nous n’avions pas dix ans ! Et avec d’autres gamins, nous avions monté un groupe… On a fini par être assez bons à force d’entraînement ! (rires) Un jour, à l’université, mon jeune frère a fait un petit concert où James Brown l’a repéré en lui disant qu’après ses études, il jouerait avec lui… Un an après, on a débarqué tous les trois ! (rires)

Puis, 25 ans plus tard, vous avez eu envie de vous lancer seul…

Au fil des années, les gens ont commencé à me connaître car James Brown me présentait régulièrement sur scène… À force d’entendre mon nom, certains ont commencé à le retenir et grâce à ça, j’ai pu jouer avec Georges Clinton ou encore Prince ! J’ai vécu des moments fabuleux mais il est arrivé un moment où, après avoir joué avec et pour d’autres, j’ai eu envie de proposer au public mes propres morceaux.

Vous avez 74 ans et une magnifique énergie pour continuer à faire autant de tournées…

J’ai toujours su que voyager était mon truc ! Et jouer de la musique en voyageant, c’est l’idéal, il n’y a rien de plus beau pour moi ! En plus, j’ai la chance d’avoir un public toujours présent, qui me donne de l’énergie justement et beaucoup d’amour… Tant que mon docteur ne me dira pas de me calmer, je continuerai ! (rires) J’aime le contact et j’adore rendre les gens heureux !

 

© Propos recueillis par Delphine Goby O’ Brien • Photo Droits réservés

Interview parue dans Le Mensuel de juin 2017 n°382 éditions #1 et #2

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