INTERVIEW

Lomepal en interview

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Skater mais aussi rappeur depuis des années, Lomepal a, à l’occasion de son tout premier album, décidé de faire se rejoindre ces deux mondes pourtant réputés pour être assez « hermétiques »… Désirant livrer au public un opus qui lui ressemble dans sa globalité, l’auteur-compositeur-interprète a donc pris son temps pour jouer la carte de la sincérité. Du choix de son titre Flip – qui fait référence à une figure de skate – à la pochette où on lui voit un maquillage couler à force d’avoir pleuré en passant par un besoin d’introspection et un rap un peu plus mélancolique que celui que l’on a l’habitude d’entendre, le jeune artiste prouve qu’il faut toujours être fier de ses différences car ce sont elles qui deviennent, avec le temps, nos plus grandes qualités…

en concert à Marseille le 17 novembre 2017


« J’avais envie d’être vrai… »


Morgane Las Dit Peisson : Ton premier album – Flip – vient de sortir…

Lomepal : J’avais déjà réalisé pas mal de projets avant Flip mais un véritable album, c’est en effet la première fois que je m’y colle… Je voulais le faire depuis longtemps mais je mettais cet exercice sur un piédestal, ça me semblait presque irréalisable car ça représentait beaucoup de choses à mes yeux. Maintenant que c’est fait, je me rends compte que même si c’est beaucoup de travail et d’investissement, je m’étais vraiment trop mis la pression, c’est pour cette raison que j’ai mis autant de temps à me sentir prêt… Pour le second, ça ira mieux ! (rires)

Un premier album sert souvent à se présenter, à se dévoiler un peu… 

Il a été réalisé dans cette optique là, j’avais envie d’être vrai… Avant, j’avais tendance à accentuer et à surjouer alors, cette fois-ci j’ai au contraire essayé de parler de ma vie de la façon la plus honnête possible. Mon défi était justement de montrer au public mes faiblesses alors que je passais mon temps à les cacher. 

Ton rap rompt avec l’image que l’on se fait de ce genre musical…

Au niveau des textes, il y a beaucoup de remises en question  personnelles mais je crois en effet que c’est ma musique qui ne correspond pas exactement aux codes habituels du rap. Il est beaucoup moins agressif, assez poétique et plus cool. Mais il y a mille manières de rapper…

Et ta voix est également plus présente que sur tes précédents projets…

Ça m’intéresse de plus en plus de chanter même si je suis conscient de ne pas être un excellent chanteur ! (rires) Je suis plus doué pour écrire des mélodies mais j’aime travailler mes faiblesses, alors, quand ma voix bloque un peu, je me débrouille pour finir par y arriver quand même. Ce sont ces petits défis qui m’intéressent le plus maintenant dans la vie. 

On trouve dans Flip et sur la pochette beaucoup d’autodérision…

Il y a, c’est vrai, de l’autodérision dans l’album mais à mes yeux, la pochette est plutôt une métaphore. J’avais envie qu’elle soit fun et originale mais je désirais aussi qu’elle mette en avant plusieurs émotions en même temps… Il y a de la tristesse, de la mélancolie, de la dualité, elle évoque le fait d’être un peu mal dans sa peau, elle laisse deviner un petit sourire en coin alors que j’ai pleuré avant… Je voulais vraiment qu’en un coup d’oeil, elle provoque plein de réactions différentes chez les gens

Tu es maquillé alors qu’on imagine à tort les rappeurs machos…

J’avais vraiment envie d’interpeller sur ces a priori d’où l’idée de faire une pochette que personne n’aurait jamais osé faire. 

Dans plusieurs de tes titres tu fais référence à l’ego…

L’ego était une question qui m’intriguait beaucoup quand j’ai commencé l’album et je crois qu’il était un peu trop développé chez moi à un moment… (rires) J’ai énormément écrit sur ce thème avant de m’en lasser et je n’ai finalement gardé que Palpal et Avion qui en parlent. J’ai la sensation d’avoir exorcisé le problème en travaillant dessus. Grâce à ça, depuis un an, je suis revenu à de meilleurs sentiments.

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo The Northside Issue

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