INTERVIEW

Laurent Barat en interview

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Laurent BARAT
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« J’aime bien être moi-même et déconner avec les gens ! »

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Interview

Laurent BARAT

 

On vous l’a présenté il y a quelques mois lorsque Michael Grégorio l’avait choisi pour faire sa 1ère partie et depuis, Laurent Barat n’a cessé de parcourir les routes pour se faire sa place et peaufiner son nouveau one-man-show désormais pleinement abouti et équilibré.
Entre problèmes de poids, perte de cheveux et régimes à tout va, il est impossible que vous ne vous sentiez pas concernés…

 

« J’aime bien être moi-même et déconner avec les gens ! »

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LAURENT_BARAT_016itwMorgane L : Comment vas-tu depuis la dernière fois ?

Laurent Barat :  Depuis le mois de juin, pas mal de choses se sont passées… J’ai fait plein de premières parties très sympas ! Quand on s’était vu, j’étais en pleine programmation au Théâtre des Oiseaux et c’était la première fois que je jouais mon spectacle mais tout c’est très bien passé ! Entre temps, j’ai fait la première partie de Michael Grégorio à Apt – on n’a pas pu faire Nice puisqu’il a plu – c’était génial ! C’était vraiment super… Ce mec est génial on a été accueilli comme des rois et puis ça a bien pris… La preuve, je suis là ce soir pour ce showcase.

 

Peux-tu nous parler de ton spectacle ?
Je travaille ce spectacle depuis 17 mois et je l’ai donc joué la première fois tout début juin au Théâtre des Oiseaux chez Noëlle. Ce spectacle, c’est ma vision de la vie. À partir de la trentaine tout change… Quand tu as 30 ans, dans ta tête tout change… Tu te rends compte que tu ne brûles plus les graisses comme avant mais que tu les stockes ! (rires) Du coup, tu décides de reprendre le sport mais ça fait depuis août 86 que tu n’as pas remis ta paire de baskets… Tu te rends compte que tes copains ont des enfants alors que toi tu n’en as pas encore… La trentaine, c’est un peu la panique et c’est cette panique la que j’ai couchée sur le papier.

 

Le Théâtre des Oiseaux et Noëlle Perna ?
J’ai une date exceptionnelle là-bas le 16 novembre. Noëlle Perna a toujours un petit regard sympa sur moi. On lui a parlé de moi lorsque je faisais une chronique sur Fréquence K et elle m’a demandé de venir boucher un trou dans sa programmation… Je n’avais rien de vraiment programmé, de vraiment écrit, mais j’y suis allé et j’ai rempli la salle de copains ! Quand tu fais ça, c’est toujours un franc succès… donc je me suis tout de suite dit après qu’il fallait que je bloque au moins un Bercy ou un Zénith ! (rires) Mais quand tu te retrouves devant des vrais gens… Ce n’est pas pareil… Tu te rends vite compte que ce n’est pas facile et qu’il faut travailler. J’ai beaucoup appris grâce à Noëlle Perna et je la remercie sincèrement.
LAURENT_BARAT_028itwQuel rôle joue t’elle auprès des jeunes talents ?
Je sais qu’elle donne une véritable visibilité. Quand tu dis que tu as joué là-bas, c’est cool et ça aide. Pour moi, cette artiste est quelqu’un de réellement désintéressée, une personne qui me donne juste des conseils pour me donner des conseils sans jamais rien attendre en retour. Elle a un œil bienveillant sur moi et sur ma carrière… Il y a pire, non ? (rires)
Tes premiers sketches ?
Je devais avoir huit ans, c’était pour la fin d’année avant que l’on parte en sixième donc je devais avoir… cinq ans… oui, car j’ai toujours été très en avance ! (rires) J’avais écrit un petit sketch sur mon prof qui l’a bizarrement très bien pris ! (rires) Au collège j’étais dans une troupe d’impro donc j’ai beaucoup appris de ça aussi et puis au sortir du collège, je suis allé en seconde, en première et j’ai oublié tout ça, j’ai zappé la scène jusqu’à ce que je rentre dans une troupe, au bureau, là où je bosse en ce moment et ça m’a redonné envie de remonter sur scène et voilà je me suis lancé… 
Donc tu travailles encore à côté ?

Oui complètement ! Histoire de payer mon loyer et tous ces trucs… ces choses banales… histoire de s’alimenter au moins deux fois par jour et manger cinq fruits et légumes par jour… c’est très important ! (rires) Je travaille à l’aéroport de Nice (donc rien à voir avec la scène !) et en plus j’ai une peur panique de l’avion ! Du coup je suis passé agent au sol… (rires) Non je plaisante ! Je suis à la Chambre de Commerce donc rien à voir du tout avec l’aviation pure et dure… Heureusement ! Car une fois, un passager m’a dit : « J’ai peur rassurez-moi, dites-moi que tout va bien se passer ! » et je lui ai répondu : « Je ne peux pas vous dire ça… je ne sais pas ! Si j’étais vous, personnellement, je n’irais pas ! »…

 

 A quel moment as-tu senti que tu avais besoin de monter sur scène ?
Depuis tout petit même s’il y a eu un moment de creux pendant la période de l’adolescence. Marseille venait d’être Champion d’Europe, je voulais être footballeur… Mais forcément la scène, tu y prends goût même si tu y as un tout petit peu goûté, tu ressens rapidement un manque. Tu peux oublier ce manque pendant peut-être 10 ans et il te suffit de remonter sur scène, de balancer une vanne qui fait rigoler pour te dire : « Merde c’est quand même bien sympa ! C’est pas pareil la couture ! »… Car j’ai aussi fait de la couture c’est très très différent ! (rires)
La reprise ?
J’ai repris en 2006 dans une compagnie non professionnelle au bureau, pour faire marrer les collègues et en 2008, je suis vraiment reparti sur scène au Théâtre des Oiseaux et là je me suis dit qu’il fallait continuer. C’est comme allé très vite finalement… les choses se sont faites naturellement. En 2008 je suis monté sur scène avec un spectacle complètement basé sur rien parce qu’on m’avait demandé de l’écrire en trois semaines donc j’avais une base écrite, des potes dans la salle et un peu d’impro… Et voilà ! Noëlle m’a dit : « Le texte… non ! Mais l’énergie… oui ! Donc retravaille le texte ».
Ça a donné ce nouveau one-man ?
Non, en réalité mon nouveau spectacle n’a rien à voir avec le premier. Il est tout à fait personnel mais il parlera à tout le monde. Tout le monde a peur de vieillir, tout le monde se lève le matin en se disant « Merde ! Encore un cheveu blanc ! ». On a tous cette peur là alors j’ai essayé d’en rire… Mais c’est une vraie flippe ! J’ai 33 ans aujourd’hui… Je ne suis pas vraiment « content » mais si je ne les avais pas ce serait vraiment mauvais signe ! Alors c’est bien comme ça sinon il faudrait annuler le spectacle ! (rires)
LAURENT_BARAT_021itwLe style du spectacle ?
C’est du stand-up. Des fois, je rentre dans la peau de gens qui me sont chers comme mon grand-père ou qui ne me sont pas trop chers non plus puisque je rentre aussi dans la peau d’un télé conseiller Internet… (rires) mais je n’ai pas cette panoplie de personnages. J’en ai quelques-uns mais tout le reste, c’est un moment entre le public et moi. C’est plus une conversation sympa que des sketches où je rentrerais dans la peau d’un personnage… J’essaie vraiment d’être moi-même.
Ce n’est pas plus difficile ?
Je ne sais pas si c’est plus difficile… Quelqu’un comme Noëlle Perna a trouvé son personnage mais moi le personnage qui me fait le plus rire c’est moi sans vouloir me raconter ! Tout ce que je vis me fait rire… En tout cas j’essaye d’en rire. Je ne vois pas pourquoi je me cacherais derrière quelqu’un d’autre. Beaucoup le font très bien mais moi je ne saurais pas faire ça. J’aime bien être moi-même et déconner avec les gens.
J’aime bien me rassurer moi… C’est très compliqué à expliquer mais quand ça ne va pas sur scène, le seul avec qui je suis bien, c’est moi je me rassure moi-même. (rires) Ce n’est pas du tout comme ça que je voulais le dire mais c’est exactement comme ça que je le ressens… Vous le couperez au montage ! (rires) Disons que je suis un bon ami à moi et j’aime bien être avec moi. On fait un super duo moi et moi-même ! (rires) Je suis complètement barré aujourd’hui ! Moi et moi-même sommes très heureux d’être ici et de te répondre !

 

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Certains ont tendance à vouloir arriver en quelqu’un d’autre pour oser monter sur scène pourtant…
Je suis très timide comme beaucoup de gars qui font ça d’ailleurs mais ça reste pour moi un moyen de surmonter cette timidité. Quand j’étais petit, j’étais très petit… Et c’est vrai que j’étais dans un collège où les mecs venaient en « Ciao », avaient du duvet… Ce n’était pas « Prison Break » mais presque ! Alors la seule façon d’exister et de survivre (j’exagère un peu) c’était de les faire rire. C’est parti comme ça et c’est là que je me suis dit que ça pouvait aider de faire rire.
Ceux qui t’ont inspiré ?
Quand j’étais petit, j’aimais bien Roland Magdane, j’aime beaucoup Jamel Debbouze, son nouveau spectacle est terrible, c’est une tuerie ! Il est extraordinaire ! De la nouvelle génération, j’aime bien Anthony Joubert et Thomas N’Gijol. Je ne m’inspire pas d’eux mais ce sont des gars qui me font dire que c’est vraiment un chouette métier. Tu vois que ce sont des gars qui le font avec le sourire… En même temps, comique, si tu ne le fais pas avec le sourire, c’est con… (rires) Ce sont des gars qui aiment ce qu’ils font. J’aimais bien aussi Michel Courtemanche, le canadien mais il a arrêté complètement… C’est peut-être ce que je vais faire aussi… J’ai un peu le trac quand même là…
 Une partie de ton spectacle que tu aimes particulièrement ?

Le téléconseiller Internet. C’est un sketch sur « Fruee » (car je ne peux pas trop dire les marques) que j’ai essayé de mettre à toutes les sauces parce qu’il fait rire tout le monde mais je n’arrivais pas à le caser dans le spectacle. Et puis un jour j’ai eu mon grand père au téléphone car j’ai encore la chance d’avoir mes grands-parents à 33 ans, je lui ai dit que j’allais lui envoyer une photo par MMS et il m’a répondu : « Putain, c’est quand même incroyable tout ce que tu peux faire avec un téléphone ! Moi à l’époque, je n’avais pas tout ça mais si j’avais eu tout ça, je suis sûr que je n’aurais pas perdu la moitié de mes potes à la guerre… ». Ça m’a donné l’idée d’intégrer « Fruee » à un truc qui est complètement décalé. Donc dans ce sketch, c’est mon grand-père qui est sur le champ de guerre et qui appelle la base qui ne répond pas. Il se prend des bombes sur la gueule et puis à un moment on entend « Fuee, Jean-Louis à votre service, qu’est-ce puis-je pour vous ? » et le sketch commence comme ça … et je vais voir ce soir si ça fait marrer !

 

La mise en scène ?
La mise en scène c’est moi je fais presque tout tout seul. Ma petite amie regarde aussi… C’est une production « maison » ! C’est très perso et j’ai encore du mal à dire à un étranger, entre guillemets, « tu ne peux pas me dire où je dois me mettre ? »… J’ai besoin de cet espace de liberté là alors c’est cafouillis, c’est tout ce qu’on veut, mais c’est un truc perso qu’on partage à deux et qu’ensuite je repartage avec tout le monde sur scène mais tous mes doutes, c’est à elle que j’en parle… Je suis émouvant c’est impressionnant ! (rires)

 

 

 

One-man-show de Laurent BARAT « A Presque Grandi »  
Propos et photos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel

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