INTERVIEW

Kamel Le Magicien en interview

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Après s’être imposé comme une référence dans l’univers du close up et de la street magie lors de ses nombreuses apparitions télévisées, Kamel Le Magicien a fini par avoir envie de goûter aux plaisirs de la scène et au défi de la grande illusion… Forcé donc d’adapter quelques-uns de ses tours mais surtout d’en créer et d’en maîtriser de nouveaux, l’artiste a choisi de s’entourer d’une équipe de confiance, de se former auprès d’un des plus grands noms de la magie mais aussi de confier sa mise en scène à un ténor du genre, Giuliano Pepparini – qui a entre autres travaillé sur le Cirque du Soleil, 1789 les amants de la Bastille et La légende du Roi Arthur -… Après avoir rempli Bobino pendant trois mois d’affilée avec sa magie, ses vannes et sa danse, le jeune artiste prouve que si cet art était tombé en désuétude, ce n’était qu’un problème de forme mais certainement pas de fond…

 

À Marseille le 11 mai 2017

 


« Le plus émouvant, c’est de les voir repartir avec des yeux d’enfant… »


 

Morgane Las Dit Peisson : Vous jouez à Paris depuis 3 mois, ce n’est pas éreintant quand on fait de la magie ? Car ça exige que le corps et l’esprit soient à 100%…

Kamel : Les gens ne se rendent pas compte mais c’est vrai que c’est extrêmement prenant de faire de la magie ! On se fatigue physiquement et mentalement car, en effet, c’est une pratique qui a autant besoin de la vivacité de l’esprit que de la dextérité du corps… Quand on nous voit sur scène, le public s’imagine qu’on récite notre texte et que les tours s’enchaînent presque machinalement mais pour chacun d’entre eux, il y a des mouvements et des techniques très précises à exécuter qui exigent deux fois plus de concentration.

La magie ne tolère aucune erreur, la pratiquer en close up en télé a été formateur ?

C’est vrai que la scène et la télé sont deux mondes très différents et que faire un tour de magie dans ces deux environnements ne requiert pas du tout les mêmes réflexes car, en effet, en télé, on peut constamment être surpris par un gros plan alors qu’il faut absolument qu’aucun secret ne se voit à l’écran ! Ça ne veut pas dire qu’en live, sur scène, on y va en dilettante mais c’est tout de même un peu plus facile de se rattraper… (rires)

Comme pour la plupart des acteurs ou chanteurs, vous trouvez – vous qui avez d’abord goûté à la télé – que la scène est magique ?

Depuis que j’ai découvert la scène, je me suis aperçu que c’était là que je prenais sincèrement le plus de plaisir et c’est complètement vrai, c’est un endroit où il se passe à chaque fois une véritable magie ! (rires) À force de jouer neuf fois par semaine, il m’arrive évidemment d’être fatigué mais, dès que le rideau s’ouvre et que le public m’apparait, il y a immédiatement une vitalité qui vient de je ne sais où et qui me donne la patate comme si de rien n’était ! La scène arrive à recharger mes batteries d’une énergie que je n’avais pas en arrivant ! Si ça, ce n’est pas magique… (rires)

Passer du close up à la grande illusion demande une adaptation…

Passer d’une magie intimiste, qui se fait sous le nez des gens, à une magie de show m’a en effet obligé à tout revoir mais j’ai eu la chance de pouvoir m’entourer de professionnels comme Don Wayne qui est un des plus grands consultants en magie dans le monde et qui a travaillé pendant plus de vingt ans aux côtés de David Copperfield. Car sur scène, au-delà du tour en lui-même, il faut penser aux déplacements, à la gestuelle, aux mouvements du corps… Ça va bien au delà de la technique pure, c’est un autre art que de rendre le tour plus fluide, plus impressionnant, plus magique…

Contrairement à la magie qui tient dans la main, la grande illusion repose sur un travail d’équipe…

C’est ça qui est le plus perturbant car plus c’est grand et moins on peut maîtriser les choses à la différence, en effet, du close up où l’on fait tout soi-même à 100%… Sur scène, il y a toute une équipe technique essentielle au bon déroulement de l’action mais qui, les premières fois, peut donner la sensation d’être un peu « dépossédé » de son art… Ça complique la donne et surtout, ça force à changer profondément. Quand on se lance dans ce type de projet, on est obligé d’apprendre à faire confiance aux autres et je crois que ça, ça a été le plus difficile pour moi ! J’étais tellement habitué à ne compter que sur moi que j’avais toujours la crainte que les choses ne soient pas bien faites… Mais une fois que j’ai vu que tout se passait bien et que je pouvais réellement me reposer sur mon équipe, ces peurs ont disparu comme par enchantement ! Ce type de spectacle m’a fait grandir humainement parlant et m’a appris que seul, on ne fait finalement pas grand chose…

Un spectacle qui se fait avec une équipe mais aussi un public…

Oui il est même un personnage à part entière qui, du coup, change chaque soir et pimente le spectacle ! Certains montent sur scène et jouent le jeu car je me suis rendu compte que beaucoup de gens aiment servir de « cobayes » pour vérifier de plus près que les tours fonctionnent ! Et le plus émouvant, c’est de les voir repartir avec des yeux d’enfants car mon but suprême, c’est de donner l’impression, pendant une heure et demie, que j’ai de vrais pouvoirs et que je peux réaliser tous leurs rêves en rendant possible l’impossible…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo André D.

Interview parue dans Le Mensuel de mai 2017 n°381 éditions #1 et #2

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