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INTERVIEW

Mat Bastard en interview

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Puisque l’artiste porte dans son ADN ce goût de l’exploration, de l’observation et de la tentative, il est rare que pour y parvenir, il choisisse de se réduire à un seul et unique choix tout au long de sa carrière… Certes, au vu du succès qu’a pu connaître Skip The Use dès la sortie de l’album Can Be Late en 2012, on aurait pu imaginer que les cinq membres continueraient à « exploiter » la voie devenue royale qu’ils s’étaient eux-mêmes ouverte mais n’aurait-ce pas été à l’encontre même de leur démarche artistique ? Bien décidés à ne suivre que l’instinct qui les guide depuis plus de 20 ans de collaboration, ils ont senti qu’il n’était pas temps de se séparer mais tout simplement de s’aérer un peu l’esprit s’ils souhaitaient continuer à créer et se renouveler… À la tête d’un nouveau projet intitulé La Loov, Mat Bastard a donc dévoilé, en début d’année, son premier titre More than friends

 

« MORE THAN FRIENDS »

À Grimaud le 12 mai

 


« C’est important, je crois, de bouger, de s’ouvrir et d’aller voir les choses par soi-même… »


 

Morgane Las Dit Peisson : Skip The Use connaît un succès incroyable, pourtant le groupe va connaître une pause…

Mat Bastard : C’est tout à fait ça, c’est une pause, pas une rupture ! (rires) Ça a été une très longue et très intense exploitation alors j’ai l’impression qu’on est arrivé au bout d’un truc… On ne regrette rien car on a vécu des moments incroyables mais changer d’air va nous faire du bien ! Ça va nous permettre à tous de nous ressourcer et de reprendre tout ce qu’on avait un peu mis de côté ces sept dernières années… Et puis ce break va aussi nous permettre de nous consacrer à nos projets solos.

Tu as eu peur qu’une lassitude s’installe ?

Il y a un peu de ça car un artiste, par nature, est un être qui a besoin de changement, d’expériences et de découvertes alors je ne pense pas qu’il puisse passer sa vie à faire éternellement la même chose… Personnellement, je sais que j’ai besoin d’avoir plusieurs moyens d’expression et mes autres métiers – de producteur et de réalisateur – me permettent de participer à l’élaboration d’albums tout en étant un peu plus extérieur au projet. Ça offre un recul, une autre vision des choses et c’est hyper enrichissant !

Tu travailles certes pour d’autres artistes mais également pour toi…

Oui, j’ai envie de faire mon disque « à moi » en utilisant tous les moyens d’expression qui me ressemblent à 100% car être dans un groupe, c’est aussi – même quand tout se passe bien – faire des concessions alors c’est important, je pense, de se lancer à fond dans un projet qui soit uniquement ton reflet à toi avant de mieux retourner vers un travail collectif… C’est assez excitant et ça permet, je pense, de re-potentialiser son énergie créatrice…

Le fait de t’être installé aux États-Unis t’a permis de voir certaines choses un peu différemment ?

C’est une autre culture, ce sont de nouvelles rencontres et j’avais besoin de leur donner corps sur un support car je vis dans ma carrière quelque chose de plutôt rare et très inspirant… J’ai envie de partager tout ça avec le public qui me soutient depuis plusieurs années maintenant…

Pourquoi nous avoir fait l’infidélité de partir ?

(rires) Mais je ne quitte jamais complètement la France puisque je continue à y réaliser des albums ! Et même si j’habite désormais aux États-Unis, j’ai toujours toute ma famille et mes racines en France… C’est important, je crois, de bouger, de s’ouvrir et d’aller voir les choses par soi-même. En ce moment, on en a malheureusement l’exemple le plus flagrant… Être ethnocentré, c’est la pire des choses car ça mène tout droit vers l’obscurantisme et vers l’incompréhension du reste du monde. Aller voir ailleurs ce qu’il se passe tout en gardant son background de français avec tout ce que ça comporte, c’est sincèrement hyper enrichissant !

Ça te donne l’envie d’aller voir ailleurs par la suite ?

Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve mais c’est sûr que goûter à une autre civilisation, ça permet déjà de revenir encore plus fort chez toi pour ensuite, pourquoi pas, repartir ailleurs ! On a la chance de vivre sur une planète diversifiée alors il faut s’autoriser à aller voir ce qu’il se passe au-delà de nos frontières terrestres…

Égoïstement, c’est très plaisant de se dire qu’un de nos artistes français s’exporte vers ce pays qui nous envoie tous les siens…

Très franchement, je suis content de te l’entendre dire car je n’ai malheureusement pas toujours eu cette impression là… Moi aussi, je suis très fier quand – peu importe le domaine ou le style – je vois un français réussir à l’étranger. Avec David Guetta, on n’est, par exemple, pas du tout sur la même longueur d’onde musicalement parlant mais je suis sincèrement heureux qu’il réussisse – un peu comme les champions olympiques – à représenter notre pays un peu partout dans le monde et je ressens la même chose pour Daft Punk, pour Justice ou pour Wax Tailor… C’est peut-être mon côté chauvin ou supporter qui ressort mais ça me fait profondément plaisir ! 

Tes envies pour ton album ?

J’ai vraiment envie que ça mêle plein de talents de la musique urbaine, de l’electro, du punk rock, du métal et puis je veux que ce soit corrosif, irrévérencieux et fédérateur… Et évidemment, je veux absolument préparer par la suite un live vraiment explosif et incisif !

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo DR

Interview parue dans Le Mensuel d’avril 2017 n°380 éditions #1 et #2

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