INTERVIEW

Frank Leboeuf en interview

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Prématurément retraité, comme tous les sportifs, par la force des choses, Frank Leboeuf a dû se réinventer une vie après une carrière de joueur de foot intense et auréolée de succès. Attiré depuis son plus jeune âge par les planches, il a senti, dès sa première pièce il y a sept ans, que sa place était bien sur scène. Actuellement à l’affiche du second volet de Ma belle-mère et moi en parallèle de sa mission de consultant sportif dans les médias, le comédien nous rappelle que contrairement aux idées reçues, la tête et les jambes ne sont pas forcément incompatibles…

 

dans « Ma belle-mère et moi, 9 mois après » À Menton le 15 décembre 2017 • À Bandol le 12 janvier 2018

 


« Si j’avais dû choisir la facilité, je serais devenu entraîneur ! »


Morgane Las Dit Peisson : Vous êtes actuellement en pleine tournée avec la pièce Ma belle-mère et moi, 9 mois après

Frank Leboeuf : Oui et j’adore partir en tournée pour jouer bien sûr, mais aussi pour voir la France qui m’a souvent manqué quand je vivais à l’étranger. C’est un plaisir pour moi de prendre le TGV et de voir défiler ces paysages magnifiques car, sans être chauvin, on a, je crois, le plus beau pays du monde ! (rires) Et puis, évidemment, j’aime particulièrement aller à la rencontre de gens qui sont présents au rendez-vous qu’on leur propose… Je trouve réellement exceptionnel à chaque fois que des spectateurs aient réservé parfois plusieurs mois à l’avance leur soirée pour passer un moment avec nous.

Passer par le Midi est différent pour vous ?

C’est vrai qu’au delà du fait que ce soit la meilleure région de France (rires), je suis né à Marseille et j’ai vécu dans le Var, à Saint-Cyr-sur-Mer donc j’y ai de la famille et des amis. Quand je joue en PACA ça procure un plaisir supplémentaire car c’est aussi l’occasion de passer un peu de temps avec eux.

Jouer devant des proches n’est pas intimidant ?

Bizarrement, ça ne l’est qu’avec ma femme ! (rires) Du coup, à chaque fois qu’elle vient, je ne suis pas bon ! (rires) Quand elle est dans la salle, je repense continuellement à des conversations que l’on a eu sur la pièce, sur mon jeu ou sur mon personnage et ça me fait perdre un peu de ma concentration… Elle m’a énormément aidé dans la préparation de mon rôle alors peut-être que j’essaye de trop bien faire pour lui plaire en suivant tous ses précieux conseils mais toujours est il qu’elle me trouble quand elle est là…

On vous connaît pour votre carrière de footballeur, désormais vous sévissez sur les planches…

Quand j’avais quatre ou cinq ans, je regardais énormément Au théâtre ce soir à la télé avec Jacqueline Maillan ou encore mon « Platini des planches », Georges Beller avec qui je devrais normalement jouer en 2019 une pièce qu’on est en train d’écrire avec Nicolas Vitiello… J’ai toujours voulu être comédien mais il n’y avait pas de cours de théâtre près de chez moi et puis, mon père a créé une école de foot alors j’ai joué au foot… 

C’est la retraite sportive qui vous a motivé à vous diriger vers cette première passion ?

À croire que le destin voulait que je réalise ce rêve car la première fois que j’ai participé à un projet en tant que comédien, c’était lorsque j’étais encore joueur à Chelsea, en 2000 ! On m’a proposé à l’époque de tourner dans un film de István Szabó – À torts et à raisons – et quand je suis revenu du tournage, c’était une évidence, je savais absolument ce que je voulais faire. Je pense que c’est grâce à cette expérience que j’ai osé, après ma carrière sportive, partir à Los Angeles pour me former pendant presque deux ans à l’Actors Studio. J’avais besoin de travailler, d’apprendre de façon intensive et quand on m’a appelé pour jouer au théâtre en France en 2010, je me sentais prêt à accepter.

C’est un métier qui ne peut se faire qu’avec les tripes…

Exactement ! Si j’avais dû choisir la facilité, je serais devenu entraîneur et j’aurais beaucoup mieux gagné ma vie qu’en étant tous les soirs sur les planches ! (rires) Les carrières sportives sont étranges car intenses mais courtes et, bien que ça puisse être un peu déroutant, c’est une chance incroyable car ça nous laisse la possibilité d’avoir une seconde vie. Beaucoup de gens aimeraient avoir cette opportunité alors il était hors de question pour moi de la gâcher en choisissant un métier rationnel et sécurisant… J’ai choisi la passion et je me suis rendu compte ensuite que ça me plaisait d’apprendre à nouveau et me remettre un peu en « danger ».

Partir à l’étranger pour vous former était important ? 

En tous cas pour moi c’était essentiel, j’avais besoin de l’anonymat pour me concentrer et me former en paix, comme tout le monde, sans aucune faveur ni critique… Ça a d’ailleurs été très rafraîchissant ! 

Votre personnage dans la pièce est un présentateur télé, connu lui aussi… 

C’est grâce à ce postulat de départ que l’histoire est intéressante et a du fond… Il est obligé par sa chaîne de cacher la grossesse de sa femme afin de ne pas perdre d’audience et ça rappelle l’histoire de Claude François qui n’avait rien dit de la naissance de son deuxième enfant pour ne pas faire chuter les ventes d’albums ! C’est drôle au théâtre mais c’est dramatique de réaliser que ça existe et que ça reflète la folie, la fausseté et la superficialité du monde dans lequel on vit…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Thomas Braut

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