INTERVIEW

Brian Joubert en interview

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Après s’être illustré en remportant de nombreuses récompenses dans le patinage artistique, Brian Joubert, bien que tout jeune retraité de la compétition, a choisi de ne pas arrêter cette activité aussi grâcieuse que sportive… À l’affiche en ce moment d’Holiday On Ice – la super production qui fête ses 75 ans cette année -, c’est accompagné de la danseuse professionnelle Katrina Patchett et des dizaines d’autres patineurs de la troupe, que le mutli champion de France, d’Europe et du monde a accepté de relever le défi de ce gigantesque spectacle connu dans le monde entier et apprécié de toutes les générations. Pour donner vie à l’histoire d’Atlantis, le sportif généralement plus habitué aux programmes en solo partage la glace avec celle qui lui avait enseigné tous les rudiments de la danse à deux dans l’émission Danse avec les stars. S’invitant donc à son tour dans l’univers d’un Brian Joubert qui – s’il continue à réaliser tous ses rêves -, ne devrait pas tarder à accompagner un de ses élèves aux Championnats du monde ou aux Jeux Olympiques, la talentueuse danseuse s’essaie pour la première fois à cette activité qui ne brille pas par sa simplicité…

 

Brian Joubert pour le nouveau spectacle d’Holiday On Ice « Atlantis » à Toulon du 16 au 18 mars


« J’ai, pour la première fois, une liberté totale… »


Morgane Las Dit Peisson : Holiday On Ice est une véritable institution… 

Brian Joubert : Quand j’étais gamin et que j’allais voir les spectacles d’Holiday On Ice, je rêvais d’en faire partie un jour… D’ailleurs, enfant, j’avais décidé d’être d’abord champion de patinage puis de me produire dans ce spectacle ! (rires) Comme quoi, il faut toujours croire en ses rêves… On a beaucoup répété avec la troupe et je me suis aperçu que c’était réellement une famille et un univers à part entière. J’ai pris conscience, grâce au travail de préparation, que l’on a une certaine responsabilité sur les épaules car c’est en effet une grande et prestigieuse institution, il faut en être à la hauteur…

Des dizaines de personnes travaillent sur la tournée…

C’est aussi incroyable que passionnant de voir s’affairer tous ces patineurs et ces techniciens qui donnent vie à cette impressionnante machine ! En ayant découvert les coulisses, je prends encore plus conscience de l’ampleur de ce projet et de la masse de travail que ça représente pour chacune des personnes qui y prend part, ne serait-ce que pour préparer la patinoire dans chaque ville que l’on va visiter… Même si tout est très bien huilé, je reste extrêmement admiratif de ce qu’Holiday On Ice arrive à recréer à chaque représentation.

Vous êtes un très jeune retraité…

(rires) Oui c’est sûr que ça fait bizarre de dire ça ! Mais heureusement, je ne suis retraité que des compétitions ! C’est une chance d’ailleurs de pouvoir débuter une toute nouvelle vie en tant que patineur professionnel mais aussi en tant qu’entraîneur. 

Vous aviez la sensation d’avoir fait le tour des compétitions ?

Il y a un peu de ça et puis c’est vrai que dans mon esprit c’était très clair, j’avais depuis longtemps décidé de m’arrêter en 2014… C’est une question d’âge avant tout car même si on n’est pas vieux en soi à la trentaine, les jeunes patineurs qui arrivent font évoluer les techniques de patinage et ont une telle forme physique qu’on ne peut pas, sur le long terme, rivaliser. Et puis, grandir et mûrir, c’est aussi apprendre à laisser sa place et passer à autre chose.

On finit par ne plus trouver de motivation ?

Des fois c’était extrêmement dur, en particulier sur la dernière saison, de trouver en moi la force mentale de m’entraîner car je supportais de moins en moins les contraintes. Je savais d’avance qu’il arriverait un moment où même la course à la médaille ne serait plus suffisante pour encaisser tous ces sacrifices.

Le patinage est grâcieux et fluide, ça semble incroyablement facile quand on vous regarde…

Et c’est important d’arriver à donner cette impression car il ne faut jamais que la difficulté soit perceptible. C’est un peu comme dans tout métier finalement… Le savoir-faire est une somme de sacrifices et de choix, mais on sait qu’on est au bon endroit quand chaque matin on a la conviction de faire ce qu’on aime. Ce qui est essentiel, c’est de répéter et de se remettre constamment en question… C’est quelque chose de très utile aussi dans la vie de tous les jours car bien que beaucoup croient encore qu’un sportif n’est fait que d’un corps et de muscles, sans mental, il n’est rien.

Le patinage est un des seuls sports qui se mêle à l’artistique…

Oui et bien que j’ai fait carrière dans cette voie, enfant, le côté grâcieux ne m’attirait pas du tout ! Ce qui me plaisait dans le patinage, c’était la vitesse, le fait de sauter le plus haut possible et de tourner le plus longtemps possible ! (rires) J’étais très casse-cou alors l’aspect artistique s’est développé très tard chez moi mais aujourd’hui, en particulier pour ce spectacle, ça me sert énormément ! Holiday On Ice m’a accordé sa confiance pour les chorégraphies alors j’ai, pour la première fois, une liberté totale…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Pierre Hennequin


Interview parue dans les éditions #1 et #2 du mois de mars 2018

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